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Mayor John E. Stanley Lewis

John E. Stanley Lewis (1888-1970) était le maire en fonction au moment du premier don de tulipes fait à Ottawa. Né le 29 février 1888 à Ottawa, il était l’aîné d’une famille nombreuse. À 14 ans, il quitte l’école pour aider sa famille en effectuant des livraisons pour la pharmacie Lloyds, puis en travaillant dans un atelier d'entretien électrique. Plus tard, à 23 ans, il inaugure son premier atelier à Westboro, qu’il déménagera deux fois.

Publicité dans l’Ottawa Journal, 2 septembre 1922, p. 9

Une publicité dans un journal d’époque

Élu en 1930 au Conseil municipal à titre de conseiller du quartier Capitale, il fut nommé contrôleur en 1931 et en 1933. Stanley Lewis fut élu maire d’Ottawa en 1939, fonction qu’il occupa jusqu’à sa démission en 1948, ayant été victime d’un infarctus sévère plus tôt dans l’année. Il a été membre de la Commission hydroélectrique d’Ottawa – en qualité de maire et de citoyen – de 1936 à 1948 et de 1951 à 1970. Dans les dernières années de sa vie, il s’est investi dans des œuvres de bienfaisance. Stanley Lewis est décédé le 8 août 1970, des suites d'une autre attaque cardiaque.

Son mandat, dominé par la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), a été caractérisé par une grande période de changement et de croissance à Ottawa, avec l’afflux soudain d’habitants et la hausse de la population. Reconnu pour avoir stimulé le moral des résidents d’Ottawa, Stanley Lewis a su faire preuve de bienveillance lors de ses visites à l’étranger. En 1943, il s’est rendu en Angleterre en tant qu’ambassadeur de bonne volonté d'Ottawa et du Canada.

« L’expérience m’a permis d’acquérir, comme rien d'autre n'aurait pu le faire, une certaine compréhension de l’esprit et du courage inébranlable du peuple britannique. . . J’ai pu constater, lors du raid de dimanche [17 janvier], le calme mesuré et la confiance dont vous, les Britanniques, êtes parfaitement capables de faire preuve en toute circonstance, et que tout était sous contrôle. »  (Evening Standard, Londres, Angleterre, 21 janvier 1943, p. 5.) Le maire Lewis est arrivé à Londres le 17 janvier!

Photo : Le maire Stanley Lewis rendant visite à un groupe de femmes devant un bâtiment bombardé en Grande-Bretagne, 1943
Archives de la Ville d’Ottawa | CA001748

Un homme d’affaires en compagnie d’un groupe de femmes, serrant la main de l’une d’entre elles. Certaines sont en tenue militaire, d’autres en habits de travail.

Au cours du long mandat du maire Lewis, de nombreux faits marquants ont jalonné l’histoire d’Ottawa. L’un de ces moments forts, dont la portée a été durable, a été l’exil à Ottawa de la princesse Juliana et de ses filles pendant cinq ans. Immédiatement après la guerre, la princesse Juliana offrit des tulipes à la Ville d’Ottawa en reconnaissance de l’hospitalité reçue. En 1946, elle fit à nouveau envoyer des tulipes pour remercier le Canada d’avoir participé à la libération des Pays-Bas en mai 1945. 

Anecdote
Le maire Lewis et son épouse Pearl ont été adoptés par des ratons laveurs à leur résidence d’été du lac Meech. Ils étaient nombreux à leur rendre visite dans l’espoir d’être nourris par madame Lewis, qui leur avait donné un nom à tous. L’un d’eux était même autorisé à s’asseoir près de la cheminée du salon. Ils étaient dix-huit en tout, et madame Lewis pouvait les distinguer tous les uns des autres ou décrire leur personnalité.

Publicité dans l’Ottawa Citizen, 9 octobre 1943, p. 3

Une femme, tenant un bol, nourrit cinq ratons laveurs dans sa maison.

Texte rédigé par Jacinda Bain, archiviste de la Ville d’Ottawa | 2024.

Le lac Dow, Saint-Louis et la ruée vers l’or en Californie

Jean-Baptiste Billy, né à Montréal en 1782, est issu d’une branche familiale portant le nom de Saint-Louis comme autre nom de famille. En 1830, Jean-Baptiste Saint-Louis, alors agriculteur dans le canton de Nepean, fit l’acquisition auprès de James Duncan d’une partie du lot M, concession C (aujourd’hui dans le secteur d’Ottawa-Sud), le long de la rivière Rideau. L’année suivante, il en céda la plus grande partie à son fils aîné, Joseph-Colbert.

C’est à cette époque que la famille construisit le barrage Saint-Louis, qui empêcha l’écoulement vers le nord de l’eau du marais Dow et fit augmenter le niveau de l’eau pour créer le lac Dow. À cette période également, la famille Billings remplaça son service de traversier sur la rivière Rideau par le Farmer’s Bridge, dont l’extrémité nord donnait sur le lot M. Après avoir vendu ce lot à Michael Reilly en 1833 (auprès de qui les Billings en firent l’acquisition deux ans plus tard), la famille Saint-Louis émigra au Missouri pour s’installer à Portage-des-Sioux, juste au nord de Saint-Louis, une ville dont on dira plus tard (à tort bien sûr) qu’elle devait son nom à cette famille.

Après une vingtaine d’années d’exploitation agricole à cet endroit, la famille décida de rejoindre un convoi de chariots pour aller vers l’ouest afin de participer à la fin de la ruée vers l’or en Californie. Colbert acheta un domaine de 160 acres à Yolo. Mais il mourut en 1866, quelques années seulement après son père, laissant un héritage de 1 300 $ en pièces d’or.

Acte de fiducie de 1830 rempli à la plume et à l’encre.

Photo : Vente sur marché de James Duncan, canton de Nepean, agriculteur, à Jean-Baptiste Saint-Louis, canton de Nepean, agriculteur, du lot M, concession C, canton de Nepean, constituant 68 acres donnant sur la rivière Rideau, au prix de 106 £, le 7 juillet 1830
Archives de la Ville d’Ottawa | MG001-04-204 / 31 D 86

Gros plan d’un acte de fiducie de 1831 rempli à la plume et à l’encre.

Photo : Vente sur marché de John Baptiste Saint-Louis, alias Jean Baptiste Billy dit Saint-Louis, Bytown, agriculteur, à Joseph Colbert Saint-Louis, Bytown, agriculteur, du lot M, concession C, canton de Nepean, constituant 50 acres donnant sur la rivière Rideau, au prix de 150 £, le 19 août 1831
Archives de la Ville d’Ottawa | MG001-04-205 / 31 D 86

Gros plan d’un document juridique de 1833 rempli à la plume et à l’encre.

Photo : Vente sur marché de Joseph Colbert Saint-Louis, Bytown, agriculteur, à Michael Reilly, canton de Nepean, du lot M, concession C, canton de Nepean, constituant 98 acres donnant sur la rivière Rideau, au prix de 160 £, le 10 mai 1833
Archives de la Ville d’Ottawa | MG001-04-209 / 31 D 86

 

Rédigé par Stuart Clarkson, archiviste, Archives de la Ville d’Ottawa, 2023

951, avenue Gladstone : une tranche de l’histoire industrielle et artistique d’Ottawa

En 1914, Cecil Morrison et Richard Lamothe, nés dans le Pontiac, créent la Standard Bread Company, qui opère dans une boulangerie d’une seule pièce située sur l’avenue Hillson. Les livraisons de pain se faisaient à l’aide de chevaux et de charrettes et, au cours des trois premières années, l’entreprise avait établi trois itinéraires de livraison.

Une rangée de huit charrettes tirées par des chevaux, alignées devant le bâtiment de la boulangerie

Standard Bread Company [1916?] – [1924?]
Archives de la Ville d’Ottawa | CA025600

La demande de produits de la Standard Bread Company augmentant, la nécessité d’une usine spécialisée est devenue évidente. En 1924, la nouvelle usine de la Standard Bread a ouvert ses portes. Cette installation ultramoderne, située au 951, avenue Gladstone, a été conçue par Sydney Comber, un architecte spécialisé dans les installations de production de produits laitiers et de boulangerie. L’usine permettait de produire plus de 15 000 pains par jour, ainsi que des pains de fantaisie et des gâteaux. Le bâtiment de trois étages comprenait une tour de quatre étages, un fenil et des écuries à proximité. Le pain était cuit et vendu sur place et livré partout dans la ville à l’aide de chevaux et de chariots. Cette installation a servi de boulangerie jusque dans les années 1960, après quoi elle est restée inoccupée pendant plusieurs années.

Usine en briques de trois étages avec une tour de quatre étages attenante, utilisée comme boulangerie

Usine de la Standard Bread Co., 1924
Archives de la Ville d’Ottawa | CA025534

Coupure de journal présentant une illustration d’un nouveau bâtiment de boulangerie et des photos des propriétaires

A Splendid New Bakery (Une nouvelle boulangerie splendide)
The Ottawa Journal, 31 janvier 1925

En 1992, un groupe d’artistes à la recherche d’un studio est tombé sur l’ancienne usine de la Standard Bread. Le bâtiment offrait beaucoup d’espace, un loyer bon marché et beaucoup de lumière naturelle, ce qui convenait parfaitement à leurs besoins. Ce groupe d’artistes a créé peu après Enriched Bread Artists (EBA), une coopérative d’artistes à but non lucratif. Son nom a été choisi pour rendre hommage à l’histoire du bâtiment, et le pain a été incorporé dans le travail et l’identité de la coopérative.

Le mandat d’EBA est centré sur la mise à disposition d’un espace de studio abordable pour les artistes professionnels, la promotion et l’encouragement d’un public pour l’art contemporain local par l’intermédiaire d’expositions, de conférences et d’événements, et la production et le développement d’arts visuels. La coopérative compte près de 100 membres, dont certains sont reconnus au niveau national et international. Les membres utilisent une variété de styles et de médiums, notamment la peinture, la photographie, l’art performance, la danse interprétative, les textiles, le cinéma, et plus encore. La coopérative a organisé des journées portes ouvertes annuelles pour présenter le travail des artistes et donner au public la possibilité d’entrer dans les ateliers.

L’ancienne usine et ses environs sont devenus l’un des plus grands espaces d’artistes et de créateurs de la ville. En 2020, le 951, avenue Gladstone a été désigné site patrimonial par la Ville d’Ottawa, car il s’agit de l’un des rares bâtiments de l’industrie légère qui subsistent.

Couverture de programme représentant un grille-pain avec deux tranches de pain

Couverture du 11e programme annuel d’ateliers ouverts des artistes d’EBA, 2003
Archives de la Ville d’Ottawa | MG926

Couverture du programme avec une photo d’un bâtiment dans le contour du chiffre 30

Couverture du catalogue du 30e anniversaire d’EBA, 2022
Archives de la Ville d’Ottawa | MG926

Les loisirs sur le canal Rideau

L’existence du canal Rideau remonte au début des années 1800, alors que les Britanniques sont encore ébranlés par l’invasion américaine de 1812. Comme ils redoutent une nouvelle attaque, ils confient au colonel John By le mandat de construire un canal reliant la rivière des Outaouais à la voie maritime du Saint Laurent. En effet, les Britanniques craignent qu’une nouvelle invasion des États Unis les empêche d’accéder au Saint Laurent, réduisant ainsi à néant tout transport de navires de guerre et de ravitaillement entre Montréal et Kingston. Bytown, la base du colonel By, deviendra plus tard la ville d’Ottawa, et la capitale du Canada en 1858.

Vintage hand drawn map of the Province of Upper Canada drawn by Lt-Colonel By, 1828

Figure 1 :
Carte montrant le tracé proposé pour un canal destiné à unir les eaux du lac Ontario à celles de la rivière des Outaouais, 1828. 
Archives de la Ville d’Ottawa | MG110-AAAA 138

John By entre à l’Académie militaire royale en 1796, à l’âge de treize ans, où il commence sa formation d’ingénieur militaire. Les ingénieurs militaires formés à l’Académie militaire royale sont destinés à occuper les rôles « d’astronomes, de géologues, de géomètres, de dessinateurs, d’artistes, d’architectes, de voyageurs, d’explorateurs, d’antiquaires, de mécaniciens, de plongeurs, de soldats et de marins », mais ils doivent également faciliter les déplacements de leurs propres troupes, tout en entravant le plus possible ceux de leurs adversaires.

Au cours de cinq étés, le colonel By dirige la construction de quarante‑sept écluses et de cinquante‑deux barrages sans bénéficier des avantages de l’ingénierie moderne. Après l’achèvement du canal Rideau, on s’attendait à ce que Bytown périclite, un peu comme une ville minière après la fermeture de la mine qui alimente son économie. Heureusement, l’avènement de la lucrative industrie du bois fait mentir ce sombre pronostic et Ottawa devient une ville florissante, prête à occuper le rôle de capitale du Dominion.

Même si Bytown prospère, le nouveau canal perd déjà de son éclat. Moins de cinquante ans après son achèvement, l’efficacité du canal Rideau est remise en question. Déjà en 1877, le premier ministre Mackenzie ne le juge « ni utile, ni ornemental ». Bien que Mackenzie soit désillusionné par le canal Rideau, tout le monde n’est pas du même avis. Des organisations telles que le Rideau Canoe Club commencent à utiliser le canal à des fins récréatives dès le début des années 1900 (figure 2) et la navigation de plaisance sur le canal débute au moins en 1923, lorsque H.G. Billings achète un laissez‑passer pour les embarcations de plaisance afin de circuler sur le canal pendant la saison 1923 (figure 3). Les plaisanciers ne sont pas les seuls à utiliser le canal à des fins récréatives. On retrouve des photos de familles, de foules et d’enfants patinant sur le canal qui remontent au moins aux années 1950. Au fur et à mesure qu’Ottawa et ses environs se développent, des hôtels et des installations apparaissent le long des berges du canal et à proximité. Des clubs de navigation de plaisance, de ski de fond, de canotage, de patinage, de chasse, de pêche, de golf et autres profitent du canal et des espaces verts qui l’entourent.

Photo montage of athletes in the Championship Relay Crew, Rideau Canoe Club, 1906

Figure 2:
L’équipe de relais du championnat du Rideau Canoe Club en 1906. Studio Topley. 
Archives de la Ville d’Ottawa | MG373

Season pass for pleasure craft on the Rideau Canal, 1923

Figure 3:
Carte de saison pour les embarcations de plaisance. 1923. 
Archives de la Ville d’Ottawa | MG001-07-057

C’est dans les années 1960 que la responsabilité du canal est transférée du ministère des Transports à Parcs Canada. Cette transition se traduit par une multiplication de programmes, de restaurations historiques et d’événements. Tous les ordres de gouvernement se sont donnés comme priorité de préserver les structures originales du canal, ainsi que son environnement historique. Le tourisme sur le canal connaît un essor spectaculaire au cours de l’hiver 1970‑1971, lorsque la patinoire du canal Rideau ouvre ses portes pour sa première saison. La Ville déléguera ensuite la responsabilité de la patinoire à la Commission de la capitale nationale. Au cours des années suivantes, on continue d’aménager les berges du canal Rideau et d’y offrir de nouveaux projets et de nouvelles activités, comme le Bal de Neige en 1979 et la Route du patrimoine aux abords du canal en 1989. Aujourd’hui, le canal Rideau, encore bien préservé et entièrement fonctionnel, a une valeur inestimable.

Texte rédigé par Shannon Foyer, Archives de la Ville d'Ottawa.

Le journal The Spectrum (fonds Ewart Walters)

Dans le cadre du projet Tapisserie, les Archives de la Ville d’Ottawa ont récemment acquis le journal communautaire The Spectrum, qui a été publié de 1984 à 2013. Lancé par le rédacteur en chef et éditeur Ewart Walters en août 1984 en tant que journal hebdomadaire, The Spectrum est rapidement devenu un journal mensuel. Il faisait office « de forum et de marché pour l’information venant combler le vide que connaît actuellement la vaste société multiculturelle en pleine expansion de la région ». C’était également le seul journal consacré à la communauté noire d’Ottawa. Il couvrait des sujets et des questions liés à la justice sociale, aux droits de la personne, à l’éducation, à l’histoire, à la culture, à la musique, aux arts du spectacle et aux sports.

Ewart Walters (1940-2023) est né à Kingston, en Jamaïque, et s’est installé à Ottawa en 1964 pour étudier à l’Université Carleton, où il a obtenu un baccalauréat en journalisme en 1968 et une maîtrise en journalisme en 1979. Il a également été rédacteur en chef du journal étudiant The Carleton, de 1965 à 1966, devenant ainsi le premier rédacteur en chef noir.

Il a travaillé pour plusieurs journaux en Jamaïque, ainsi que pour Radio Jamaica et la Jamaica Broadcasting Corporation. Il a ensuite été diplomate pour le gouvernement jamaïcain à Ottawa et à New York, ainsi que pour la fonction publique fédérale canadienne. Il a également joué un rôle important dans les initiatives visant à harmoniser les relations entre les communautés noires et les services de police d’Ottawa.

En 2010, Ewart Walters a reçu l’Ordre de la distinction décerné par le gouvernement de la Jamaïque (au titre de commandeur) pour la promotion et la défense des minorités au Canada par le biais du journalisme et de l’activisme communautaire. Il a également reçu le prix de la presse écrite de la Canadian Ethnic Media Association et le prix Martin Luther King Jr. du gala DreamKeepers pour l’appui de la communauté par le biais des médias, ainsi que l’Ordre d’Ottawa en 2015.

Une coupure de presse montrant un groupe de personnes tenant un prix et posant pour une photo.

(Image) Ewart Walters recevant le prix Martin Luther King Jr. du gala DreamKeepers lors de la célébration de la journée Martin Luther King Jr. à l’hôtel de ville, le 18 janvier 2010.
Archives de la Ville d'Ottawa | MG 934/Spectrum, février 2010, p. 1

 

Le récipiendaire du prix, M. Walters, et le maire Jim Watson posent pour une photo devant l'exposition de l'Ordre d'Ottawa.

(Image) Ewart Walters, récipiendaire de l’Ordre d’Ottawa, lors de la cérémonie du 10 novembre 2015
Archives de la Ville d’Ottawa | CA027988

 

Le discours inspirant d’Ewart Walters intitulé « Still searching for a Just Society » (Toujours en quête d’une société juste), qu’il a prononcé à l’occasion de la remise du prix Martin Luther King Jr. du gala Dreamkeepers, a été publié dans The Spectrum, accompagné de ses réflexions sur son activisme communautaire et le multiculturalisme à Ottawa :

L’objectif a toujours été de donner de la visibilité à des segments de la communauté qui étaient exclus ou ignorés. Qu’il s’agisse de parents aux prises avec un conseil scolaire, de citoyens non armés blessés ou tués par des balles de la police, de profilage racial à l’aéroport ou sur la route, ou de personnes victimes de discrimination à l’embauche, tous ces problèmes sont encore sous-médiatisés ou ignorés par les grands médias. Ils témoignent également tous du fait que nous n’avons pas encore réussi à construire une société juste. . . . C’est pourquoi je lance un défi à tous ceux qui entendent le son de ma voix : soutenez les dirigeants qui sont animés par l’esprit du Dr King et de M. [Pierre] Trudeau. Le multiculturalisme doit se voir accorder la place égale qui lui revient dans le discours national. Je ne parle pas ici de chansons ou de danses, mais bien d’une politique sociale authentique qui reconnaît que nous sommes tous – autochtones, français et anglais, arabes et juifs, noirs et membres de minorités visibles – égaux, et que nous avons besoin d’un accès et d’un traitement égaux. (MG934, « Still searching for a Just Society » [Toujours en quête d’une société juste], Spectrum, mars 2010, p. 3)

 

Texte rédigé par Theresa Sorel, archiviste de la Ville d’Ottawa, 2024.

Ralph Wallace Burton et ses tableaux des plaines LeBreton

Les Archives de la Ville d’Ottawa sont responsables d’une série de trente et un tableaux qui témoignent du secteur jadis actif des plaines LeBreton. Toutes ces peintures sont l’œuvre de l’artiste Ralph Wallace Burton (1905-1983), qui passa la plus grande partie de sa vie à Ottawa. En 1980, Burton fit don à la Ville d’Ottawa de ces tableaux, qui font désormais partie de la collection des Archives de la Ville (MG486, fonds Ralph Wallace Burton). Prêtés dans le cadre du Programme d’art public de la Ville d’Ottawa, ces tableaux comptent parmi nos documents communautaires les plus populaires.

Ralph Wallace Burton peinture en plein air

Photo : Ralph Wallace Burton peinture en plein air, [195-]

En 1936, le premier ministre de l’époque, William Lyon Mackenzie King, fit la rencontre de l’architecte Jacques Gréber lors d’un séjour en France et l’invita à Ottawa pour concevoir l’aménagement du Monument commémoratif de guerre du Canada. Au terme de la Seconde Guerre mondiale, le premier ministre invita à nouveau l’architecte à venir séjourner à Ottawa pour élaborer un plan visant à transformer Ottawa, capitale nationale du Canada, en pièce maîtresse de la dignité et de la fierté.

L’un des objectifs de ce plan consistait à créer des quartiers plus attrayants et mieux conçus. Gréber a ainsi focalisé son attention sur les plaines LeBreton qui, dans les années 1950, était un parc industriel que se partageaient usines et zones résidentielles de classe ouvrière. Au fil des ans, le secteur s’était valu une mauvaise réputation en raison de ses pollutions industrielles, de ses logements insalubres et de sa surpopulation. En 1962, la Commission du district fédéral (aujourd’hui la Commission de la capitale nationale) expropria les lieux. Les habitations, les entreprises et les usines devaient être démolies pour faire place à un nouveau projet fédéral.

C’est par courrier et dans les journaux locaux que les résidents des plaines LeBreton ont appris qu’ils disposaient d’un délai maximal de deux ans pour quitter leur logement. Les réactions à cette nouvelle, qui ont fait l’objet de reportages dans les journaux locaux comme l’Ottawa Journal et l’Ottawa Citizen, ont été mitigées :

« S’ils veulent nous déloger, ils doivent nous trouver une solution à loyer modéré. Mais où, ailleurs qu’ici, pouvons-nous vivre avec 65 $ par mois? Nous avons quatre enfants et je trouve que les logements sont plutôt bien à l’intérieur. Ils sont encore en assez bon état . . . quelques-uns du moins. » - Madame Evangeline Dube, Ottawa Journal  (12 avril 1962)

« Je suis mécontente de déménager parce que c’est ma maison et que ma famille y et heureuse. Je vais devoir commencer à chercher une maison, mais j'aurai besoin que les choses soient réglées avant de pouvoir acheter quoi que ce soit. » - Madame Cora Albert, Ottawa Citizen (21 avril 1962)

« Je crois que c’est une bonne idée de démolir ces vieilles maisons pour le bien des enfants. J’ai essayé de trouver un autre logement, mais partout où vous appelez en précisant avoir huit enfants, vous êtes automatiquement disqualifié. » - Madame Rene Mayer, Ottawa Citizen (21 avril 1962)

De nombreuses générations de résidents d’Ottawa habitaient ce quartier populaire et quelque 3 000 personnes ont été déplacées.

Avant la démolition du secteur, l’artiste local Ralph Wallace Burton consacra une partie de son temps, entre 1963 et 1964, à la réalisation de peintures à l’huile représentant les entreprises et les habitations des plaines LeBreton.

Peinture du bâtiment de Maple Leaf Purity Mills sur la rue Broad

Maple Leaf Purity Mills sur la rue Broad [1963 ou 1964]
Archives de la Ville d’Ottawa | CA002648

Peinture du Rue Fleet en direction de la rue Wellington

Rue Fleet en direction de la rue Wellington [1963 ou 1964]
Archives de la Ville d’Ottawa | CA002653

Peinture du Rue Ottawa en direction est

Rue Ottawa en direction est [1963 ou 1964]
Archives de la Ville d’Ottawa | CA002655

Peinture du Ottawa Boiler and Steel Works sur la rue Sherwood

Ottawa Boiler and Steel Works sur la rue Sherwood [1963 ou 1964]
Archives de la Ville d’Ottawa | CA002662

Ces peintures constituent aujourd’hui une documentation durable sur les plaines LeBreton. Bon nombre des originaux sont exposés dans des immeubles partout à Ottawa grâce au Programme d’art public

Rénovation des Archives de Rideau - 2023

C’est avec enthousiasme que nous annonçons la modernisation des Archives de Rideau, succursale des Archives de la Ville d’Ottawa à North Gower, pour améliorer l’expérience de recherche et l’utilisation des commodités existantes dans le respect de la désignation de bâtiment patrimonial de l’édifice.

Ouvertes en 1990, les Archives de Rideau se trouvent dans l’ancien hôtel de ville de North Gower, dans le canton de Rideau, et ce sont des bénévoles qui s’occupent de la collection. À peine 10 ans après leur ouverture, ces archives ont été intégrées aux Archives de la Ville d’Ottawa suivant la fusion de 2001. Les Archives de Rideau sont véritablement communautaires : leur ancrage local et le dévouement de leurs bénévoles n’ont jamais fléchi, et elles bénéficient aujourd’hui du soutien archivistique professionnel du personnel des Archives de la Ville d’Ottawa.

La voûte du bâtiment a été rénovée très tôt pour y intégrer des mécanismes adaptés de régulation des conditions ambiantes afin de protéger le patrimoine archivistique local qui s’y trouve. Des rayons ont été ajoutés à mesure que la collection prenait de l’ampleur, en conservant le caractère patrimonial du bâtiment.

Stacked boxes and materials showing the need for improved storage

Photo : Vue des Archives de Rideau avant les rénovations

 

En 2023, nous avons entamé le projet de conversion d’une partie du bâtiment pour y ajouter un espace de stockage et des rayons. Ces travaux, modestes mais notables, nous permettront d’améliorer l’accès aux collections, particulièrement à la collection de référence sur l’histoire locale, rangée sur des rayons temporaires.

Nous en avons profité pour redécouper le plan d’étage pour faciliter l’accès à l’exposition et aux outils de recherche (comme le lecteur de microfilm), moderniser l’espace de travail des bénévoles et agrandir l’espace de traitement pour archivage. L’espace sera donc plus accessible, et notre gestion des dons, plus efficace.

Au moment d’écrire ces lignes, les nouveaux rayons sont installés, l’espace de stockage reconfiguré, et nous sommes en train de replacer le matériel. Il n’a pas été facile de continuer à accueillir les chercheurs, mais la patience et l’esprit d’équipe de nos bénévoles et de notre personnel ont allégé les choses.

Rideau Archives improved floor plan gives access to equipment

Photo : Meilleur accès au matériel et aux ressources des Archives de Rideau

Nouveaux rayons, ajout d’espace de stockage et agrandissement de la superficie utilisable aux Archives de Rideau

Photo : Les travaux aux Archives de Rideau amélioreront l’espace de stockage

 

Nous comptons terminer les travaux d’ici la fin de 2023. Consultez cette page pour plus de photos « après les rénovations », ou passez aux Archives de Rideau pour voir les changements en personne! Les Archives de Rideau sont situées au 6581, chemin Fourth Line, à North Gower et sont ouvertes le mardi, de 9 h 30 à 16 h 30. Venez prendre un café!

Texte de Claire Sutton, archiviste adjointe, Archives de Rideau

 

Pour en savoir plus sur l'histoire sur les Archives Rideau, visitez l'exposition :

Restauration de l’hôtel de ville de North Gower : 1980 à 1990

6581, chemin Fourth Line, North Gower

Du 6 juin 2023 au 31 mai 2024

Les mods et les rockers d’Ottawa

À la suite d’une violente agression au couteau en mars 1950, le chef de police d’Ottawa dénonce la « tyrannie adolescente » qui sévit dans les grandes villes canadiennes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tout au long des années 1950, les journaux d’Ottawa font régulièrement état de la violence des gangs d’âge mineur à Londres, Glasgow, New York et Détroit, mais aussi au Canada, à Vancouver, Edmonton, Montréal, Toronto et Hull. Cette violence est souvent associée aux soirées dansantes auxquelles participent les jeunes.

La ville d’Ottawa n’est certainement pas épargnée par le phénomène : en 1956, 150 adolescentes et adolescents provoquent une mêlée aux allures d’émeute lors d’une danse au parc St. Luke, et le centre récréatif Chaudière annule cette année-là toutes ses danses en raison du tumulte causé par des jeunes dans la rue Wellington. En 1958, ce type de soirée est aussi rayé du programme des parcs Lindenlea et Westboro Kiwanis. Les malfaiteurs, souvent des greasers (jeunes amateurs de rock’n’roll portant la coiffure et les vêtements liés à ce genre musical), font vrombir leurs motos ou voitures gonflées pour enterrer la musique des danses dans le simple but de déranger. Le Conseil du bien-être d’Ottawa annonce que la ville est aux prises avec « une délinquance juvénile organisée » et les pédagogues craignent que les gangs incitent les élèves à bâcler leurs études. D’autres voient ces bandes principalement comme des groupes sociaux ne commettant que rarement des actes délinquants. Néanmoins, les journaux mettent en garde les parents inquiets et accusent le cinéma et la littérature de glorifier les gangs. En 1959, une soi-disant guerre de gangs éclate entre 30 jeunes issus de bandes francophones ennemies d’Eastview et armés de bâtons et de bouteilles de soda. On dit que certains portent « un pantalon serré, une veste sport voyante et des cheveux longs ».

En Angleterre, le mouvement des Teddy Boys, qui compte des centaines de gangs à Londres, dont le Eagle Gang et le Chain Gang, se divise en deux groupes, les mods et les rockers, avant la fin de la décennie. Les rockers ressemblent aux greasers américains : cheveux brillantinés et veste de cuir. Les mods combinent quant à eux le clinquant du Teddy Boy aux styles associés au jazz moderne : pantalon étroit, scooter italien, caban et longue coupe au bol. Le conflit entre les deux groupes s’envenime : le 30 mars 1964, une émeute d’un millier de mods et de rockers embrase Clacton. CBC rapporte à l’époque que la violence chez les jeunes Anglais n’est plus seulement une question de pauvreté, comme par le passé; elle a davantage à voir avec l’ennui. Au mois de mai suivant, à Bournemouth, 200 jeunes sont détenus par la police pour « violence juvénile ».

Les gangs d’Ottawa semblent en faire tout autant, arborant toujours les traits distinctifs des mods et des rockers au moment de la bagarre de 1959. En 1961, les autorités municipales dénombrent six gangs d’âge mineur. Toutefois, la même année, un membre de la magistrature affirme que « la situation des gangs à Ottawa n’est pas préoccupante pour l’instant ». Le plus grave incident survient le 3 avril 1965, lorsque 18 jeunes sont arrêtés après que la police a été informée d’un important affrontement entre les Squirrels (rockers) et les Yohawks (mods) au centre commercial Billings Bridge et ailleurs. Quelques-uns sont armés de couteaux ou de gourdins garnis de clous (et non de rasoirs et de chaînes de vélo affûtées comme en Angleterre), mais la plupart des arrestations sont liées à l’alcool. L’Ottawa Journal en conclut que les équivalents ottaviens des mods et des rockers anglais sont « plus calmes et modérés ». En effet, l’opinion générale est que les journaux forcent la note et que très peu de jeunes sont réellement violents. On parle même parfois des gangs sur un ton léger : peu de temps après l’incident, un journaliste sportif lance pour rire que les Black Hawks de Chicago devraient être rebaptisés les Yohawks, à cause de la longue chevelure des joueurs.

La jeunesse d’Ottawa, quoique moins violente que dans les années 1950, est toutefois aussi lasse que son homologue anglaise. En mai 1965, un lieu de rassemblement de Hull surnommé Yohawk Haven où le groupe s’adonne à la planche à roulettes – nouvelle occupation à la mode – est forcé de fermer en raison des problèmes causés par 1 000 planchistes qui bloquent la circulation et perturbent les commerces sur le territoire de la Commission de la capitale nationale. Sans Yohawk Haven, et sans endroit pour le remplacer malgré les promesses de la Ville, les jeunes ne sont pas contents. Rencontrée par l’Ottawa Journal, une adolescente du coin, Susan Montgomery, regrette que « la ville n’ait rien à offrir aux jeunes ». Elle déplore non seulement la fermeture de l’aire de planche à roulettes, mais aussi l’absence de radio pour les jeunes et de concerts des Beatles; il n’y a que des parcs pour « les vieux ».

Les gangs perdurent dans les années 1960. Mais le culte des mods et des rockers s’estompe, selon l’Ottawa Journal, même un an après les arrestations de 1965. Pendant ce temps, dans le quartier Yorkville de Toronto, mai 1966 est marqué par un affrontement entre les villagers et les greasers, qui force les policiers à se réfugier sur le toit de leurs voitures sous la menace des bouteilles et des bâtons (de hockey) que brandissent 300 jeunes. Mais tout est sur le point de changer avec l’avènement du mouvement hippie.

Texte rédigé par Stuart Clarkson, archiviste de la Ville d’Ottawa, 2023.

Pour en savoir plus sur l'histoire du rock and roll, visitez l'exposition « C’est rock'n roll à Ottawa » – Reprise à la Galerie Barbara-Ann-Scott, du 8 novembre 2023 au 3 septembre 2025.

Ils ont été vus à Ottawa

Après la guerre, la ville d’Ottawa a connu une période de croissance et d’expansion extraordinaire. Au fur et à mesure de son essor à l’échelon national et international, elle est devenue un endroit attrayant pour les artistes professionnels. Tout au long des années 1950, de nombreux artistes de renom se sont produits sur les scènes d’Ottawa, notamment Fats Domino, Josephine Baker, Jerry Lee Lewis, Johnny Cash, Tony Bennet, Duke Ellington et l’idole des jeunes, Paul Anka. Mais la vedette la plus importante à avoir visité la ville est sans doute Elvis Presley.

En tant que capitale du pays, Ottawa a été l’hôte de personnalités des quatre coins du globe, recevant des dignitaires comme la ministre des Affaires étrangères d’Israël, Golda Meir, qui fut la première femme au monde à occuper le poste de ministre des Affaires étrangères. Les présidents américains Harry S. Truman et Dwight D. Eisenhower ainsi que la première dame des États-Unis Eleanor Roosevelt ont aussi passé du temps à Ottawa.

Plus de 9 000 personnes ont assisté aux concerts d'Elvis Presley

Titre/Description: La foule lors du concert donné par Elvis Presley. Plus de 9 000 personnes ont assisté aux concerts d'Elvis Presley. D'après le quotidien The Ottawa Citizen, les fans criaient tellement fort qu'il était impossible d'entendre quoi que ce soit. Les fans avaient des photographies, des boutons et d'autres articles pour indiquer leur appréciation de la star du rock n' roll.
Photographe: A. Andrews, C. Buckman, D. Gall, T. Grant.
Date: 3 avril 1957.
Crédit: Fonds : Andrews-Newton Photographers / Les Archives de la Ville D'Ottawa / MG393-AN-049378-026.
Droit d’auteur: Les Archives de la Ville D'Ottawa.

Elvis Presley

Peut-être n’y a-t-il jamais eu dans les années 1950 de plus grand événement culturel populaire que les spectacles qu’Elvis Presley donna à l’Auditorium en avril 1957. Elvis incarnait l’esprit même du rock n’ roll, phénomène alors nouveau et peu familier aux oreilles des adultes. Sa présence chez nous suscita chez des milliers d’adolescents et de jeunes adultes des crises d’hystérie exaltées.

Le King arriva à Ottawa le 3 avril 1957. Des jeunes étaient venus d’aussi loin que Montréal pour assister aux spectacles. Un train spécialement affrété, surnommé le « Rock N’ Roll Cannon Ball », arriva en ville avec à son bord plus de 500 admirateurs. Lorsque Elvis Presley monta sur scène, les quelque 9 000 spectateurs étaient si bruyants qu’il était presque impossible de l’entendre chanter. La foule d’admirateurs se vouait au culte Elvis : « certains pleuraient, d’autres gémissaient, d’autres encore se tenaient la tête, abandonnés à leur extase; tout le monde criait, tapait du pied et des mains, agitait les bras, une personne est même tombée à quatre pattes avant de s’affaisser au sol » (Parmeler 13). La police était omniprésente par crainte que des admirateurs en folie ne se ruent sur la scène.

Elvis Presley était un artiste controversé car ses déhanchés et ses pas de danse « suggestifs » scandalisaient de nombreux parents et autres symboles d’autorité. Le couvent Notre-Dame, qui considérait Elvis Presley immoral et non chrétien, interdit à ses élèves d’assister au spectacle. Huit d’entre elles furent d’ailleurs renvoyées pour être allées voir le King, et la controverse gagna la ville. Les sœurs finirent par annuler les expulsions, mais au moins la moitié des jeunes femmes confirmèrent leur inscription dans les diverses écoles où elles s’étaient tournées. Elvis a sans l’ombre d’un doute fait grande impression à Ottawa.

Elvis sur scène avec sa guitare

Titre/Description: Elvis Presley à l'Auditorium. Elvis sur scène avec sa guitare.
Photographe: A. Andrews, C. Buckman, D. Gall, T. Grant.
Date: 3 avril 1957.
Crédit: Fonds : Andrews-Newton Photographers / Les Archives de la Ville D'Ottawa / MG393-AN-049378-109.
Droit d’auteur: Les Archives de la Ville D'Ottawa.

Paul Anka

Le chanteur Paul Anka naît à Ottawa le 30 juillet 1941. Anka démontre un talent remarquable pour la musique dès son jeune âge. Souvent, il la préfère même aux études qu’il poursuit à l’école secondaire Fisher Park.

Son père veut qu’il se concentre sur ces études et l’envoie vivre chez son oncle à Hollywood. En 1957, Anka réussit à se rendre à New York et présente sa musique à des maisons de disques de l’endroit. À l’âge de seize ans, Paul Anka devient l’une des premières vedettes canadiennes du rock avec la sortie de son 45 tours Diana, une chanson qu’il a composée lui-même.

Paul Anka pose pour un portrait

Titre/Description: Portrait de Paul Anka. Paul Anka est né à Ottawa et il est devenu l'un des musiciens les plus populaires en Amérique du Nord. Sa première chanson, intitulée « Diana », qu'il avait écrite à propos de sa gardienne d'Ottawa, a atteint le sommet des palmarès en quelques semaines seulement. Il a écrit de nombreux hits tout au long des années 50 et 60. M. Anka est également célère pour les chansons qu'il a écrites pour d'autres chanteurs, notamment Frank Sinatra et Tom Jones.
Photographe: Doug Bartlett.
Date: décembre 1956.
Crédit: Fonds : Andrews-Newton Photographers / Les Archives de la Ville D'Ottawa / MG393-AN-P-003195-014.
Droit d’auteur: Les Archives de la Ville D'Ottawa.

 

Paul Anka n’est pas le prodige d’un seul succès. La liste des chansons qu’il a composées est surprenante et très longue. Après Diana, il poursuit avec plusieurs succès, notamment Put Your Head on my Shoulder, You are my Destiny, Puppy Love et Lonely Boy. Il écrit aussi My Way pour Frank Sinatra et She’s a Lady pour Tom Jones. Il crée le thème mélodique de l’émission The Tonight Show. Il a déjà mentionné au sujet de son écriture :

Je sens quelque chose qui me pousse à écrire! Cela m’effraie parfois parce que j’ai le sentiment que quelque chose de l’extérieur entre en moi et prend le contrôle. Lorsque cela se produit, je dois m’asseoir et écrire, et tout devient clair. Ensuite, il m’arrive de changer une note ou une syllabe ici et là, mais très peu (Gardener 283) [traduction].

En 1957, Anka avait gagné plus de 100 000 $; en 1958, ce montant s’élevait à 400 000 $. Il participe à des films à Hollywood en tant qu’acteur, chanteur et compositeur. Anka reçoit plusieurs prix et hommages, dont quinze disques d’or et le Young Canadian Award en 1961. En 1972, le maire Pierre Benoit lui remet les clés de la ville et proclame le 27 août « Journée Paul Anka ».

Portrait de Paul Anka en costume-cravate

Titre/Description: Portrait de Paul Anka.
Photographe: Inconnu.
Date: 30 octobre 1956.
Crédit : Fonds : Andrews-Newton Photographers / Les Archives de la Ville D'Ottawa / MG393-AN-NP-P-003195-005.
Droit d’auteur: Les Archives de la Ville D'Ottawa.

Don Whiteside (sin a paw), défenseur des libertés civiles

On voit ici, prenant la parole lors de la réunion annuelle de 1984 de la Fédération canadienne des associations des libertés civiles et des droits de l’homme, à Montréal, Don Whiteside (également connu sous le nom de sin a paw), né à New York, titulaire d’un doctorat de Stanford, qui a été fonctionnaire du gouvernement canadien pendant de nombreuses années et milité pour les libertés civiles et les droits des Autochtones. En 1970, M. Whiteside a remis d’aplomb l’Association des droits civils, région de la capitale nationale [ADC-RCN], qui a connu des difficultés après avoir été secouée par des problèmes de direction et de structure. Il a ensuite rapidement joué un rôle déterminant dans la création de la Fédération comme groupe national de tutelle, en 1971.

Plusieurs années avant cette réunion, M. Whiteside et Lawrence Greenspon, avocat récemment diplômé, s’étaient embrouillés au sujet de la direction et de l’orientation de l’ADC-RCN. M. Whiteside (qui affirmait que l’ADC-RCN avait elle-même subi l’ingérence de la GRC) considérait que les dérives policières constituaient la plus grande menace pour les libertés civiles canadiennes, tandis que M. Greenspon souhaitait plutôt porter son attention sur les droits à l’accessibilité. M. Greenspon s’est dessaisi et M. Whiteside a dirigé l’ADC-RCN (et la Fédération) jusque dans les années 1980, lorsque la Fédération a été rebaptisée Fédération canadienne des droits et libertés.

M. Whiteside, dont la santé s’est détériorée au début des années 1990, est décédé à Nepean, en 1993, à l’âge de 62 ans. La Fédération s’est alors affaiblie et ne s’est plus jamais relevée.

Don Whiteside s'exprimant lors d'une réunion

Titre : AGA de la Fédération, à Montréal, en mars 1984
Source : MG259-9-1/2014.0075.1

 

Rédigé par l’archiviste Stuart Clarkson, Archives de la Ville d’Ottawa | août 2023

L’amitié par les sports ou les activités récréatives

Le Club Moustache est le premier organisme officiel 2SLGBTQ+ de la région de la capitale nationale à réunir des gens par l’intermédiaire de sports et d’activités récréatives. Fondé en 1986, l’organisme est le fruit d’un petit groupe de personnes qui se réunissent régulièrement pour jouer au volleyball récréatif. L’idée initiale est lancée lors d’une fête privée et mène rapidement à la création d’un organisme sans but lucratif bilingue. L’objectif du Club Moustache est d’offrir une tribune pour l’éducation, l’amélioration des compétences et le développement communautaire, ainsi qu’un soutien à la communauté 2SLGBTQ+ de la région de la capitale nationale dans un contexte de sports et de loisirs.

Rapidement, le Club Moustache s’agrandit pour accueillir un groupe de quilles et de couture.  En quelques années seulement, son nombre de membres grimpe à plus de 130 personnes auxquelles il offre une vaste gamme d’activités : badminton, autodéfense, vélo, brunchs, retraites de fin de semaine, danse carrée, curling, natation, soirées cinéma et bien plus encore. À son maximum, l’organisme compte plus de 300 membres.

Le Club Moustache rassemble non seulement des gens de la région, mais il organise aussi des événements et des activités 2SLGBTQ+ partout au pays et à l’étranger, et y participe. En 1990, il envoie un contingent aux 3e Jeux Gais internationaux, à Vancouver. Environ 50 personnes de la région de la capitale nationale concourent lors de l’événement. L’organisme participe également à divers événements organisés par IGLOO (International Gay and Lesbian Outdoor Organizations) partout dans le monde.

En 1994, le Club Moustache change son nom pour Time Out/Temps Libre afin de mieux représenter ses membres et d’être plus inclusif.

Les documents du Club Moustache se trouvent aux Archives de la Ville d’Ottawa.  Ces documents témoignent de l’organisation et du développement communautaire de la communauté 2SLGBTQ+ dans la région de la capitale nationale au cours des années 1980 et 1990.

Écrit par l’archiviste Ariana Ho, Archives de la Ville d’Ottawa, août 2023

Brochure de la retraite du Club Moustache, 1986
Brochure de la retraite du Club Moustache – verso, 1986

Titre/Description : Brochure de la retraite du Club Moustache – Villa Renascence®, du 15 au 17 août 1986
Source : MG422 Fondation Lambda pour l’excellence

Bulletin Temps Libre, 1996

Titre/Description : Bulletin des Fêtes du Club Moustache, décembre 1990
Source : Source : MG422 Fondation Lambda pour l’excellence

Dépliant sur les randonnées cyclables « Arts & Parks »

Titre/Description : Randonnées cyclables « Arts & Parks » Club Moustache, 1988
Source : MG422 Fondation Lambda pour l’excellence

La première majorette des Rough Riders d’Ottawa

« On recherche une majorette ». Après avoir répondu à un article du Ottawa Journal de mai 1946, Dorothy Lepine est sélectionnée par l’Ottawa Football Club pour devenir la première majorette des Rough Riders. Elle est alors tambour-majorette pour le corps de majorettes de l’Ottawa Technical High School de 1946 à environ 1948. Le sens de l’équilibre ou du rythme compte parmi les compétences recherchées. Dorothy possède de l’expérience en tant que danseuse; elle a dansé pour les troupes militaires partout en Ontario au cours de la Seconde Guerre mondiale, et formé 12 collègues qui, ensemble, se sont produites à Lansdowne, Rockcliffe et Uplands.

Photo à droite : 
Portrait de Dorothy Lepine, tambour-majorette des Rough Riders d’Ottawa, 1946
Archives de la Ville d'Ottawa | CA025804

En juillet 1946, Dorothy suit une formation de 10 jours à Philadelphie aux côtés de Mary Egan, tambour-majorette pour les Eagles de Philadelphie. C’est au cours de ce séjour à Philadelphie qu’elle achète son bâton. Elle fait sa première apparition le 14 septembre 1946 à l’occasion d’un match des Rough Riders d’Ottawa contre les Alouettes de Montréal, devant une foule de 10 318 partisans. Elle accomplit également ses fonctions de tambour-majorette dans le cadre des matchs de football de l’Ottawa Technical High School et d’autres événements à Ottawa.

Elle travaille pour le service des impôts sur le revenu du district d’Ottawa, puis pour l’Agence du revenu du Canada. Elle rencontre Alexander Wilkie alors qu’il tente de se faire recruter par les Rough Riders d’Ottawa. Ils se marient en 1949.

Les documents issus du fonds de Dorothy Lepine illustrent les débuts des majorettes des Rough Riders d’Ottawa. Parmi les articles donnés figurent des correspondances, le reçu du bâton et des instructions sur son utilisation, ainsi que des coupures de presse, des photographies et son uniforme de majorette des Rough Riders.

Portrait de Dorothy Lepine, tambour-majorette des Rough Riders d’Ottawa, 1946
Tambour-majorette des Rough Riders d’Ottawa, lors d’un entraînement avec le corps de majorettes

Dorothy Lepine, tambour-majorette des Rough Riders d’Ottawa, lors d’un entraînement avec le corps de majorettes de l’Ottawa Technical High School, 1946
Archives de la Ville d'Ottawa | CA025531

Dorothy Lepine Wilkie lors dDorothy Lepine Wilkie lors de sa visite de l’exposition des Archives de 2017

Dorothy Lepine Wilkie lors de sa visite de l’exposition des Archives de 2017 consacrée à son rôle de tambour-majorette des Rough Riders, 27 juillet 2017

Exposition sur la restauration de l’hôtel de ville du canton de North Gower aux Archives de Rideau

Les Archives de la Ville d’Ottawa sont sans doute surtout connues pour l’édifice jaune vif à l’architecture singulière des Archives centrales de la promenade Tallwood, à Nepean. C’est là que nous conservons et rendons accessibles les archives de la Ville d’Ottawa, recevons nos organisations partenaires et connectons au sens large avec la communauté. Cela dit, les Archives ont également deux succursales satellites où des collections sont accessibles dans les quartiers Gloucester et Rideau. Le présent article porte sur la succursale Rideau, qui se trouve dans l’hôtel de ville de l’ancien canton de North Gower.

Autrefois le cœur des archives du canton de Rideau, ce bâtiment et sa collection, mis sur pied en 1990, étaient gérés par un groupe de bénévoles dévoués du patrimoine, avec l’aide de l’administration de l’ancien canton de Rideau. Après la fusion de 2001, ces archives ont été intégrées à celles de la Ville d’Ottawa, mais en conservant leur caractère local et sans délocalisation. Elles continuent d’être en grande partie gérées par le même groupe d’archives des Amis du canal Rideau qu’à sa création, avec l’aide du personnel des Archives de la Ville d’Ottawa, qui fournit conseils professionnels et ressources à la conservation et à l’accès. La collection est fortement axée sur les volets rural et agricole, et les bénévoles dévoués sont majoritairement des résidents locaux ayant une connaissance personnelle de la riche histoire du secteur – une valeur ajoutée inestimable aux collections qu’on y trouve.

Le bâtiment des Archives de Rideau fait actuellement l’objet de rénovations visant à agrandir la bibliothèque et l’espace de stockage afin de pouvoir continuer d’accueillir les dons et de gérer les fonds documentaires, ce qui nous amené à réfléchir à nos origines, comme c’est le cas lors de bien des projets. C’est pourquoi nous montons en juin une exposition sur le projet de restauration de l’hôtel de ville du canton de North Gower, qui s’est échelonné de 1980 à 1990 et s’est terminé juste avant l’ouverture des Archives. Cette exposition présente l’histoire du bâtiment et illustre toute l’ampleur du projet, comme le montrent ces photographies de l’extérieur, avant et après la restauration (CA027712 et CA027722).

: Hôtel de ville de North Gower avant rénovation [1967-1980]

Description : Hôtel de ville de North Gower (avant rénovation) [1967-1980]
Source : Archives de la Ville d’Ottawa | CA027712

Hôtel de ville de North Gower après sa restauration [après 1990]

Description : Hôtel de ville de North Gower (après sa restauration) [après 1990] s.d.
Source : Archives de la Ville d’Ottawa | CA027722

Nous espérons que les visiteurs seront heureux d’en savoir plus sur ce joyau d’architecture ayant autrefois servi d’hôtel de ville, de rencontrer nos bénévoles et de consulter les ressources à leur disposition dans la salle de référence. Les Archives de Rideau sont situées au 6581, chemin Fourth Line, à North Gower et sont ouvertes les mardis, de 9 h 30 à 16 h 30. S’y rendre est une expérience unique qui en vaut le détour.

Texte rédigé par Claire Sutton, archiviste de la Ville d’Ottawa.

L’art de l’affiche du Hibou

Le café Le Hibou se voulait une vitrine du talent non seulement des musiciens, mais également des graphistes. Robert Rosewarne et David Andoff sont deux des graphistes les plus renommés ayant signé des affiches de promotion des spectacles du café.

Rosewarne:

Affiche du Hibou mettant en vedette : divers artistes, du 18 février au 23 mars [1969]

Affiche du Hibou mettant en vedette : David Rea, Cedric Smith, Donna Marie De Bolt, Jerry Jeff Walker et Lenny Breau, du 18 février au 23 mars 1969
Archives de la Ville d’Ottawa | CA027588

Affiche du Hibou mettant en vedette : divers artistes, du 6 mai – 28 juin [1970]

Affiche du Hibou mettant en vedette : Bruce Cockburn, A. Rosewood Daydream, Peter & Susan Hodgson et Nev Wells, MRQ (The Modern Rock Quartet) et concert-bénéfice à la mémoire d’Otis Pann avec Ann Brady, Bill Stevenson, David Wiffen, Brent Titcomb, Crabgrass et Gillis et d’autres, 6 mai – 28 juin [1970]
Archives de la Ville d’Ottawa | CA027582

Andoff:

Affiche du Hibou mettant en vedette : Mainline, 3 au 8 août 1971

Affiche du Hibou mettant en vedette : Main Line! [Mainline], 3 au 8 août [1971]
Archives de la Ville d’Ottawa | CA027595

Vers 1970, dans la foulée récente de l’explosion de la musique folklorique de 1968, le style des affiches du Hibou était, signe des temps, devenu éclectique.

Les affiches servaient surtout à informer. Quant au lettrage, les concepteurs avaient tendance à mettre le nom de l’artiste en majuscules et les renseignements sur le Hibou et les spectacles en minuscules. Fait à souligner, les caractères transfert étaient d’usage plus courant que la typographie.

Tant les polices avec empattement (Times peut-être) que sans empattement (surtout la toujours populaire Helvetica) étaient utilisées, mais rarement ensemble. Il s’en dégageait une impression de parcimonie, de minimalisme et parfois même de précipitation ou d’insuffisance.

Sur l’une des affiches les plus complexes, pour le spectacle de Rooshikumar Pandya en novembre 1970, le graphiste s’est servi d’une photo de promotion du musicien assis sur une berge avec son sitar et des lettres transfert Orea, que Mecanorma venait tout juste de lancer l’année précédente afin d’imiter le lettrage du titre du film Yellow Submarine des Beatles, du fait des liens de ceux-ci avec l’Inde.

Les affiches complexes annonçant plusieurs semaines de prestation d’artistes différents étaient le plus souvent réalisées par lettrage manuel et ne présentaient pas ou que peu d’images. L’un des exemples les plus artistiques est une affiche pour l’été et l’automne 1971 où l’on ne voit que l’œil gauche de Bruce Cockburn encadré par la lentille gauche de ses lunettes :

Affiche du Hibou mettant en vedette : divers artistes, du 24 août au 31 octobre 1971

Affiche du Hibou mettant en vedette : Shawn Phillips, The Sorry Muthas, Sonny Terry et Brownie Mcghee, Eric Anderson, Lenny Breau, Jerry Jeff Walker, Goose Creek Symphony, Murray McLauchlan, Bruce Cockburn et Syrinx, 24 août au 31 octobre [1971]
Archives de la Ville d’Ottawa | CA027587

Le graphiste créait parfois des caractères en découpant dans du papier des lettres qu’il collait directement sur l’affiche, souvent pour les faire correspondre aux caractères utilisés dans les illustrations originales qui lui étaient fournies (Jerry Jeff Walker, Lenny Breau).

On utilisait souvent la pochette ou des photographies promotionnelles, tirées probablement des trousses de promotion envoyées par les maisons de disques avant la tenue des spectacles. À l’occasion, l’affiche était un collage (Dr John) obtenu probablement par l’emploi de plusieurs copies d’une photo tirée du dossier de presse.

Certaines images étaient réutilisées, par exemple la photo de Lenny Breau (le montrant lors d’un spectacle en direct et provenant probablement d’un dossier de presse), qui a été employée pour l’affiche de son spectacle du 6 au 11 janvier 1970, avant de l’être différemment pour celle de son spectacle du 9 au 14 février 1971, puis avec peu de changements (seulement les dates) pour celle de son spectacle du 25 au 30 mai 1971.

Le tout se limitait à l’impression monochrome. Cette technique était parfois utilisée à des fins artistiques à l’aide d’images à contraste élevé (Lenny Breau) et l’était parfois à l’aide d’images à très faible contraste pour donner l’impression qu’il s’agissait de photographies (Rooshikumar Pandya, Syrinx). En général, les couleurs utilisées étaient le bleu, le jaune et le vert.

Texte rédigé par Stuart Clarkson, archiviste de la Ville d’Ottawa | Mai 2023.

Album du Monument commémoratif de guerre du Canada

Les Archives de la Ville d’Ottawa conservent un album photographique qui documente l’assemblage du Monument commémoratif de guerre du Canada de 1938 à 1939, ainsi que l’aménagement de la place de la Confédération. Toutes les photographies ont été prises par Alfred E. Day, photographe en chef pour le ministère fédéral des Travaux publics.

Le Monument commémoratif de guerre du Canada se dresse au centre d’Ottawa, sur la place de la Confédération. Lieu des cérémonies du jour du Souvenir au Canada, il comprend 22 statues de bronze représentant des militaires, hommes et femmes, de tous les secteurs des Forces armées canadiennes, en uniforme (dont deux à cheval) et portant de l’équipement, traînant un gros canon à travers une grande arche, guidés par les symboles allégoriques de la paix et de la liberté.

Statues militaires en bronze montées au Monument commémoratif de guerre du Canada

Statues militaires en bronze montées au Monument commémoratif de guerre du Canada, octobre 1938
Archives de la Ville d’Ottawa | CA018630

Le gouvernement canadien souhaitait ériger un monument à Ottawa pour rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont participé à la Première Guerre mondiale (1914-1918) ou, comme on l’appelait à l’origine, à la « Grande Guerre ». L’accent devait être mis sur l’abnégation et la bravoure individuelle plutôt que sur la glorification de la guerre. Vernon March (1891-1930) a remporté le concours mondial en 1926. Il intitula son monument «  (La Réponse ». Les personnages en bronze ont été coulés en Angleterre par March et sa famille, mais il est décédé en 1930 avant que le monument ne soit achevé. Ses six frères et sa sœur Elsie (qui l’assistait) furent chargés d’achever les travaux, qui se sont terminés en 1932. Après un certain retard dû à l’attente de la construction de l’arche de granit à Ottawa, les pièces ont finalement été expédiées au Canada en 1937 dans 35 boîtes.

Chantier du Monument commémoratif de guerre du Canada

Chantier du Monument commémoratif de guerre du Canada, 8 août 1938
Archives de la Ville d’Ottawa | CA018610

Rangée de statues militaires en bronze non emballées pour le Monument commémoratif de guerre du Canada

Rangée de statues militaires en bronze non emballées pour le Monument commémoratif de guerre du Canada, 29 septembre 1938
Archives de la Ville d’Ottawa | CA018619

En 1938, trois des frères de March (Sydney, Percival et Walter) étaient sur place pour superviser l’assemblage du monument. Celui-ci fut finalement achevé le 19 octobre 1939.

Sidney, Percy et Walter March sur les marches du Monument commémoratif de guerre du Canada

Sidney, Percy et Walter March sur les marches du Monument commémoratif de guerre du Canada, 10 octobre 1938
Archives de la Ville d’Ottawa | CA018624

Sa Majesté le roi George VI et la reine Elizabeth assistent à la cérémonie d’inauguration du Monument commémoratif de guerre du Canada le 21 mai 1939. À la fin de la cérémonie, le roi et la reine ont surpris les services de sécurité en disparaissant dans la foule pendant plus de 40 minutes pour se mêler aux quelque 10 000 anciens combattants de la Première Guerre mondiale qui étaient présents. Le nombre de personnes présentes ce jour-là est estimé à 100 000.

Sidney, Percy et Walter March sur les marches du Monument commémoratif de guerre du Canada, 1939

Place de la Confédération, Monument commémoratif de guerre du Canada, 1939
Archives de la Ville d’Ottawa | CA018632

Le monument a été conçu à l’origine pour commémorer la Première Guerre mondiale, mais il a été achevé quelques mois seulement avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Au fil des ans, des ajouts ont été faits au monument afin de commémorer la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), la guerre de Corée (1950-1953), la guerre d’Afrique du Sud (1899-1902) et la mission en Afghanistan (2001-2014). En 2000, la Tombe du Soldat inconnu a été ajoutée au site.

Texte rédigé par les archivistes de la Ville d’Ottawa, Jacinda Bain, avril 2023.

Le deuxième hôtel de ville d’Ottawa

Hôtel de ville après l’incendie, 1931

Titre/Description : Hôtel de ville après l’incendie, 1er avril 1931
Source : Archives de la Ville d’Ottawa | CA025474

 

Le 31 mars 1931, un incendie a dévasté le deuxième hôtel de ville d’Ottawa, dont la construction remontait à 1877. Des documents de la Ville provenant du Comité de régie, ainsi qu’une photographie prise juste après l’incendie provenant du fonds de la Société historique d’Ottawa, fournissent des détails sur l’incendie et ses conséquences.

Le deuxième hôtel de ville d’Ottawa, situé dans la rue Elgin entre les rues Queen et Albert, a été construit entre 1875 et 1877. Dans un rapport présenté au conseil en 1872, la Commission des travaux publics recommandait la construction d’un nouvel hôtel de ville pour aller dans le même sens que les améliorations de la Ville et pour maintenir tous les dossiers de la Corporation en sécurité, car l’hôtel de ville était dans un état très délabré et indigne de la capitale du Dominion. Le premier hôtel de ville d’Ottawa, l’édifice en bois du marché West Ward, était infesté de vermine et ne répondait plus aux besoins de cette ville en pleine croissance.

La pierre angulaire du nouvel hôtel de ville a été posée le 20 juillet 1875. L’Ottawa Citizen rapportait alors que « le magnanime greffier municipal, qui ne voulait pas laisser l’événement se dérouler sans une certaine célébration, a autorisé deux douzaines de bières au gingembre et une noix de coco, que la foule a consommées en un temps remarquablement court ». Sous le mortier de la pierre se trouvait une boîte en cuivre contenant plusieurs pièces de monnaie du Dominion, un exemplaire de chaque journal de la ville depuis 1875, un exemplaire du Parliamentary Companion de 1875, un exemplaire de Recollections of Bytown and its Old Inhabitants de William P. Lett et un document spécial rédigé par le greffier municipal William P. Lett comprenant une brève histoire de Bytown et d’Ottawa et une liste des fonctionnaires municipaux.

Conçu par les architectes Horsey et Sheard, l’élégant bâtiment construit en calcaire bleu de Gloucester et en grès de l’Ohio, avec sa tour distinctive, est une combinaison des styles architecturaux Second Empire et italianisant du XIXe siècle. Construit à un coût de 85 000 dollars, son inauguration officielle remonte au 18 juin 1877. Le bâtiment a été largement rénové en 1910 par l’architecte Colborne Powell Meredith qui a agrandi l’espace intérieur des bureaux et ajouté des fenêtres au troisième étage des deux tours avant.

Pourtant, le 31 mars 1931, un incendie a gravement endommagé les troisième et quatrième étages de l’hôtel de ville. Ayant pris naissance dans la salle des dessins, le feu s’est étendu aux bureaux adjacents. Le bureau du Commissaire aux travaux, le Service d’évaluation, le Service d’ingénierie et la Direction de la comptabilité ont été parmi les zones les plus touchées. Même si les papiers et les livres posés sur les différents bureaux ont été détruits, l’incendie n’a pas consumé la plupart des documents contenus dans les bibliothèques, les classeurs et les tiroirs. Cependant, la fumée et l’eau les ont gravement endommagés. À quelques exceptions près, tous les rôles d’évaluation et les rôles de perception ont représenté une perte totale.

L’incendie a traversé le plancher du bureau du Commissaire à l’évaluation. Le plancher s’est donc effondré dans les bureaux du Comité de régie au deuxième étage, puis dans les bureaux de l’Exposition du Canada central au rez-de-chaussée pour enfin s’écraser dans la cave. L’Ottawa Journal a rapporté que sept pompiers ont été blessés après avoir fait une chute à travers le plancher au milieu des débris fumants. 

Dans les jours et les semaines qui ont suivi, les bureaux de l’hôtel de ville ont majoritairement été installés dans l’Édifice des transports, situé à l’angle de la rue Rideau et de la rue Little Sussex (maintenant la promenade du Colonel-By). Par la suite, les élus ont négocié un bail de 37 mois avec la famille Booth, propriétaire de l’immeuble. En fin de compte, ils y sont restés pendant les 27 années suivantes, jusqu’à l’ouverture de l’hôtel de ville situé au 111, promenade Sussex.

En octobre 1931, le Conseil municipal a approuvé la démolition de l’hôtel de ville, le bâtiment ayant été jugé irréparable. D. E. McKenzie, l’entrepreneur retenu pour la démolition, a commencé ses travaux en novembre. Le cahier des charges stipulait que la centrale de chauffage souterraine ne devait pas être démolie et que la pierre angulaire et la cloche devaient être remises au greffier municipal pour être conservées. Après le retrait de la pierre angulaire en janvier 1931, l’entrepreneur a été impliqué dans un conflit juridique avec la Ville au sujet de la possession de la capsule temporelle de la pierre angulaire, car il la déclarait sienne. La boîte a finalement été remise au greffier municipal, mais il y manquait une partie de son contenu, notamment les pièces et certains documents. La pierre angulaire elle-même a été déplacée à 30 mètres du site de l’hôtel de ville et laissée à l’extérieur, au sommet d’un mur de fondation, près de la centrale de chauffage. La pierre angulaire et la capsule temporelle ont été remises à la Société historique d’Ottawa en 1958. Elles ont été exposées au Musée Bytown jusqu’à ce qu’elles soient retournées à la Ville comme faisant partie des collections des Archives de la Ville d’Ottawa. 

D’autres vestiges de l’incendie de l’hôtel de ville comprennent une cloche et un blason en pierre sculptée qui sont exposés aux Archives de la Ville d’Ottawa.

Texte rédigé par les archivistes de la Ville d’Ottawa, Theresa Sorel et Serge Barbe, et publié en mars 2023.

Musique blues, gospel et soul au Hibou

Le café Le Hibou était un lieu de rencontre important à Ottawa pour les musiciens canadiens et américains qui jouaient du blues et du gospel, musique folklorique des communautés noires d’Amérique du Nord qui s’était répandue au fur et à mesure que les musiciens se déplaçaient lors des grandes migrations.

Le révérend Gary Davis, qui s’est produit au Hibou en octobre 1970, était un guitariste aveugle et autodidacte qui avait contribué au style de blues du Piémont. M. Davis avait enregistré son premier disque en 1954 avec un autre musicien aveugle, Sonny Terry, un harmoniciste qui s’est produit en novembre 1969 avec le chanteur et collaborateur de longue date Brownie McGhee. Terry et Davis ont tous deux eu une influence sur une jeune génération de musiciens de blues talentueux, dont Taj Mahal, qui est parti en tournée en Espagne en tant que musicien ambulant peu après son concert de mars 1970. Parmi les joueurs de blues de Chicago présents au Hibou, on compte la formation James Cotton Blues Band, qui s’est produite en mai 1971 et a proposé des arrangements de morceaux de blues favoris.

Au cours des années 1960, le blues a été supplanté en popularité par la musique soul, une combinaison de rhythm and blues (R&B) et de gospel. Trevor Payne a été surnommé « le premier militant de la soul au Canada » mais, dès ses spectacles de janvier 1970 au Hibou, il s’est tourné vers le gospel et a depuis connu un succès encore plus grand à la tête du Montreal Jubilation Gospel Choir.

Le James Cotton Blues Band, Le Hibou [affiche] , 18-23 mai [1971]
Archives de la Ville d'Ottawa | CA027600

Le James Cotton Blues Band, Le Hibou [affiche]

Sonny Terry et Brownie McGhee, Le Hibou [affiche] / 4-9 nov. [1969]
Archives de la Ville d'Ottawa | CA027610

Taj Mahal [Henry St. Claire Fredericks], Le Hibou [affiche] / 23-27 mars 1970
Archives de la Ville d'Ottawa | CA027583

Affiches musicales de Le Hibou

Le révérend Gary Davis, Le Hibou [affiche] / 6-11 oct. [1970]
Archives de la Ville d'Ottawa | CA027573

Trevor Payne, Le Hibou [affiche] 20-25 jan. [1970]
Archives de la Ville d'Ottawa | CA027577

Affiches musicales de Le Hibou Café

Texte rédigé par Stuart Clarkson, archiviste de la Ville d’Ottawa | janvier 2023.

 

Pour en savoir plus sur l'histoire du rock and roll, visitez l'exposition « C’est rock'n roll à Ottawa » – Reprise à la Galerie Barbara-Ann-Scott, du 8 novembre 2023 au 3 septembre 2025

Jain et Hitschmanova

Le 29 septembre 1955 à Ottawa, un jeune homme prend la parole lors d’un rassemblement parrainé par l’Association des coopératives du Canada et le Comité du service unitaire. Il s’agit de Lakshmi Chand Jain. Sudhir Ghosh, l’émissaire de Gandhi, dira plus tard à son sujet qu’il était « un administrateur hors pair qui savait faire preuve d’une grande empathie ».

Lakshmi Chand Jain avait été invité au Canada pour parler de l’expérience de l’Inde avec les coopératives, que les gouvernements nord-américains, sous l’emprise du maccarthysme du milieu du siècle, voyaient d’un œil méfiant, presque comme des entreprises communistes.

Il a expliqué qu’au contraire, les coopératives indiennes étaient de nature entrepreneuriale et qu’elles contribueraient à l’élargissement de la démocratie en Inde. Lakshmi Chand Jain possédait une vaste expérience en relations d’aide, s’étant occupé d’un camp de réfugiés à l’époque de la partition et ayant épaulé Sudhir Ghosh dans le projet de réinstallation de Faridabad.

Beaucoup plus tard dans sa carrière, Lakshmi Chand Jain sera nommé haut-commissaire de l’Inde en Afrique du Sud, mais ce jour-là, en 1955, il était encore un jeune homme. On le voit ici à Ottawa avec Lotta Hitschmanova, directrice générale du Comité du service unitaire du Canada. Marraine de l’événement, elle affichait elle-même une longue feuille de route dans l’aide aux réfugiés et aux personnes vulnérables, un parcours qui avait débuté avec l’occupation nazie en Europe. Lorsqu’on lui a refusé l’entrée aux États‑Unis en 1942 en raison des restrictions entourant l’immigration juive après qu’elle eut fui le vieux continent, elle s’est établie à Ottawa, où elle a dirigé le Comité du service unitaire du Canada pendant plus de 40 ans.

Photo de Lakshmi Chand Jain en compagnie de Lotta Hitschmanova

Photo : Lakshmi Chand Jain, secrétaire général de l’Union des coopératives indiennes en compagnie de Lotta Hitschmanova [Lotte Hitschmann], directrice générale du chapitre canadien du Comité du service unitaire.
Archives de la Ville d’Ottawa | MG393‑NP‑38863‑001 / 34 D 77

Texte rédigé par Stuart Clarkson, archiviste de la Ville d’Ottawa | janvier 2023.

L’aérodrome de Uplands - Prendre son envol à Ottawa

Les documents de la famille Rowat de la succursale Rideau (MGR033-09) contiennent une photographie d’un avion et d’un groupe de quatorze personnes qui pourrait avoir été le premier avion à atterrir à Ottawa ou le premier vol commercial à y atterrir de nuit. Bien que ni l’un ni l’autre hypothèse ne puisse être confirmée, il s’agit néanmoins d’une photographie intéressante qui a été prise à l’aérodrome de Uplands où Charles Lindbergh avait atterri quelques années plus tôt et qui témoigne probablement d’un premier vol quelconque.

Selon les marques distinctives que porte l’avion et son apparence, il s’agirait d’un Ford trimoteur tout en métal appartenant à la Firestone Tire and Rubber Company d’Akron, en Ohio. L’Ottawa Journal avait annoncé plus d’une semaine à l’avance que Hugh Carson Co. Ltd., grossiste local de la Firestone Tire and Rubber Company of Canada, faisait venir l’avion de la compagnie afin que les concessionnaires locaux et leurs amis puissent monter à bord pour effectuer ce qui était pour beaucoup d’entre eux un premier vol. L’estampe de Carson apparaît au bas du cadre en carton de la photographie. Le nom des Studios Hands d’Ottawa est également estampillé au verso; ceux-ci avaient probablement été embauchés pour immortaliser chaque vol avec une photo. William McConnell était le pilote, tandis que E.J. Quigley était le copilote (plus tard, il allait devenir le premier pilote de la poste aérienne du Libéria). Arrivant avec eux dans l’avion, on peut voir un certain nombre de dirigeants du siège social canadien de la Firestone à Hamilton, dirigés par le président de la société canadienne, Earl W. BeSaw. Étaient également présents J.A. Livingston, directeur des ventes commerciales, et Russell T. Kelley, conseiller en publicité, qui deviendra plus tard ministre au sein du gouvernement de l’Ontario. L’avion de la Firestone a effectué près de trente vols au-dessus de la ville en deux jours (du 17 au 18 septembre 1930) lors de cette escale promotionnelle à Ottawa, embarquant quinze passagers à la fois. Mais ce n’était pas la première fois que l’avion de la Firestone se rendait à Ottawa. Le 6 octobre 1929, il était atterri à l’aérodrome de l’Ottawa Flying Club à Uplands en tant qu’avion de service lors du cinquième National Air Tour, en compétition pour le trophée Edsel B. Ford. L’avion de la Firestone devait revenir à Ottawa en août 1931, date à laquelle il aurait visité 136 villes en cumulant près de 1900 vols et en transportant près de 20 000 passagers.

Le quatrième homme à gauche semble être Russell Kelley. Comme les noms des autres passagers photographiés demeurent inconnus, on ne sait pas comment cette photo s’est retrouvée dans les papiers de la famille Rowat. Il est toutefois possible que l’un des hommes sur le point d’effectuer son premier vol soit John T. Patterson de Manotick ou son fils Jack, qui exploitaient ensemble le garage Patterson à Manotick dans les années 1930 et 1940. En 1932, Jack a épousé Nora Harris, belle-sœur de William Rowat, ce qui pourrait expliquer pourquoi la photographie s’est retrouvée dans les papiers de la famille Rowat. L’annotation « à conserver » inscrite au crayon figure au verso de la photographie. Cette photographie a sans doute eu beaucoup de valeur pour celui qui a effectué son premier vol dans l’avion de la Firestone ce jour-là, c’est pourquoi elle est conservée aux Archives de la succursale Rideau.

Avion de la Firestone atterri à l’aérodrome de Uplands, à Ottawa, avec un groupe de passagers.

Avion de la Firestone atterri à l’aérodrome de Uplands, à Ottawa, avec un groupe de passagers.

Original publié dans le bulletin d’information de 2017 de la Société historique du canton de Rideau. Texte rédigé par Stuart Clarkson, archiviste de la Ville d’Ottawa.

La lutte et la fuite des Civil Service Chieftains

Un poème écrit par l'honorable J. C. Patterson

Ce poème (RG 41), écrit par l’honorable J. C. Patterson, raconte un combat imaginaire, à la fin des années 1860, entre les Civil Service Rifles et la Police d’Ottawa dans les rues de la ville.

1.
God of battles! but t’were glorious
To have seen the fiery fight
Which the Civil Service Chieftains waged
Upon last Monday night.
[. . . ]
34.
And now God our noble Queen,
God send our country peace,
And keep our chieftains from the hands
Of the Ottawa Police.

Comme le décrit le poème, après avoir tenu une longue rencontre et passé une nuit à boire, les Civil Service Rifles sont rentrés à la caserne, vêtus de leur uniforme complet et armés d’épées, ivres et chahuteurs. Ils sont tombés sur des membres de la Police d’Ottawa et ont provoqué une bagarre, obligeant les policiers à maîtriser le groupe. Les noms des Rifles impliqués dans le conflit sont mentionnés dans le poème, alors que ceux de la Police d’Ottawa ne le sont pas. À l’origine, les Rifles et la Police d’Ottawa étaient chargés de maintenir l’ordre public dans la ville, ce qui rendait la relation entre les deux corps difficile.

Civil Service Rifles
Formé en 1861 à Québec, le Civil Service Rifle Corps est une compagnie de volontaires composée de membres de la fonction publique. Lorsque la capitale de la province du Canada est devenue Ottawa, les Rifles y ont établi leur quartier général. Ils ont fusionné avec le Civil Service Rifle Regiment en 1866 et leur première inspection a eu lieu le 14 janvier 1866, où ils ont défilé dans la rue Wellington (aujourd’hui la rue Kent). Pendant les raids des Fenians (1866 à 1970), ils patrouillaient dans les rues d’Ottawa pour protéger la capitale contre une éventuelle attaque. Les Rifles faisaient partie du bataillon provisoire commandé par le lieutenant-colonel Wiley, qui est mentionné dans le poème comme « le colonel ».

L’ancien blason de la Ville d’Ottawa arbore un officier des Civil Service Rifles (image ci-dessous).

L’ancien blason de la Ville d’Ottawa

Le Civil Service Regiment a été démantelé en 1866, mais les membres ont continué à faire partie de la Civil Service Rifle Company jusqu’en 1879. Ils ont finalement été démantelés et sont devenus les Governor General’s Foot Guards, qui ont été formés par une ordonnance générale le 7 juin 1872.

Service de police d’Ottawa
L’année même où les Rifles sont arrivés à Ottawa, le conseil municipal a adopté le règlement 235, datant du 26 mai 1866, afin de créer un service de police salarié à temps plein à Ottawa. Cela dit, l’histoire de la Police d’Ottawa remonte à l’époque de Bytown et de l’armée britannique. Le lieutenant-colonel John By a été le premier magistrat de Bytown et son successeur a demandé au gouverneur général, Sir George Ramsay, comte de Dalhousie, en 1827, de nommer des magistrats civils. Cinq magistrats sont nommés et assurent la paix et l’ordre, tout en faisant office de conseil. À la constitution de Bytown en tant que village en 1847, le premier règlement nommait les représentants municipaux ainsi que les premiers agents de police et déclarait que les fonctions du corps de police étaient « le maintien de la paix et la protection de la vie et des biens des habitants de Bytown, du maire et du conseil municipal de la ville de Bytown ».

Texte rédigé par Jacinda Bain, archiviste de la Ville d’Ottawa | juillet 2022.

Nouveau regard sur le Royal Ottawa Sanatorium

Les photos aériennes du fonds d’Alexander Onoszko sont des archives fascinantes du paysage bâti observé à Ottawa du milieu des années 1920 aux années 1980. L’une des images les plus saisissantes que j’ai découvertes récemment est la CA008379, « Royal Ottawa Sanatorium », sur laquelle on peut voir un établissement occupant un vaste terrain coincé entre l’avenue Carling et l’autoroute 417 pendant la construction du Queensway. Constatant ma méconnaissance de ces bâtiments et de l’histoire du Royal Ottawa, j’ai entamé des recherches à l’aide des documents du sanatorium conservés dans nos archives communautaires.

« Royal Ottawa Sanatorium », 1960 photo aériennes

Titre/Description : « Royal Ottawa Sanatorium », 1960
Source : City of Ottawa Archives | Alex Onoszko, MG159, CA008379

 

Prise en 1960, la photo d’Onoszko montre les bâtiments vers la fin de l’époque où ils servaient de sanatorium pour les personnes atteintes de tuberculose. On peine à l’imaginer en raison de la proximité des habitations regroupées près de l’hôpital sur cette image, mais ce secteur était à l’époque en pleine campagne et le sanatorium se trouvait à la périphérie de la ville. Cet isolement était voulu – il n’existait aucun traitement médicamenteux pour cette maladie respiratoire lors de l’ouverture de l’établissement en 1910, et le diagnostic de tuberculose ou de « consomption » résonnait souvent comme un arrêt de mort. La situation devait être terrifiante compte tenu de sa prévalence. En 1905, on estimait à plus de 500 le nombre de tuberculeux à Ottawa, cette affection tuant deux fois plus de résidents que toutes les autres maladies infectieuses confondues. Le seul traitement était le repos, l’air frais et la saine alimentation, autant de bienfaits que la plupart des Canadiens de la classe ouvrière ne pouvaient pas s’offrir.

À la fin du XIXe siècle, la National Sanatorium Association entreprit de développer des établissements spécialisés pour lutter contre cette terrible maladie, à une époque où les hôpitaux étaient financés par des organismes de bienfaisance ou de manière privée par leurs patients. Avec l’aide de l’association locale de lutte contre la tuberculose, on a pu recueillir assez d’argent public pour financer la construction d’un nouvel hôpital à Ottawa pour les cas les plus avancés. Cet établissement fut appelé le Lady Grey Hospital, en l’honneur de la fille du gouverneur général, collecteur de fonds important du nouvel établissement. Il s’agissait seulement du troisième hôpital de ce genre en Ontario.

Le Lady Grey Hospital est visible sur la photo d’Onoszko, tout à droite du complexe. Construit dans un boisé isolé sur un vaste terrain, il abritait 30 lits, tous occupés dès la première année. L’hôpital était conçu de manière à permettre l’ouverture des fenêtres de toutes les salles communes du côté sud pour offrir une aération naturelle. On peut observer cette caractéristique sur une photo antérieure de l’établissement, portant le numéro CA001795.

« Édifice Lady Grey, Royal Ottawa Sanatorium », vers 1930

Titre / Description : « Édifice Lady Grey, Royal Ottawa Sanatorium », vers 1930,
Source : Archives de la Ville d'Ottawa | Hands Studio, MG014, CA001795

 

Tout juste après l’inauguration de l’hôpital, il était prévu de construire un sanatorium à l’intention des cas les moins extrêmes. L’édifice Perley Memorial (qui doit son nom à son principal bailleur de fonds, le négociant en bois George Perley) fut ainsi érigé; sur la photo d’Onoszko, on peut l’apercevoir avec sa façade incurvée, directement au sud du château d’eau. Au moment de son inauguration en 1913 par Son Altesse Royale le duc de Connaught (gouverneur général et fils de la reine Victoria), ces édifices devinrent connus collectivement sous l’appellation de Royal Ottawa Sanatorium.

Au dire de tous, la vie y était difficile malgré les efforts déployés pour offrir des divertissements, car le traitement consistait pour la plupart des patients à rester alités. Roger Power, historien du sanatorium, relate ce qui suit dans son ouvrage intitulé The Story of the Royal Ottawa Hospital (1985) : « Il est aujourd’hui difficile d’imaginer que les patients passaient des mois et même des années au sanatorium... pour certains d’entre eux, cette convalescence représentait la moitié d’une vie normale » (p 39). Des périodes aussi longues d’isolement de ses amis et de ses proches semblent véritablement impossibles à imaginer.

Au fur et à mesure qu’Ottawa se développait et que ses résidents se sensibilisaient à la nécessité d’isoler les personnes atteintes de tuberculose, le « San » poursuivait son programme de construction. La Croix-Rouge finança la construction d’un préventorium pour enfants au début des années 1920, érigé au nord de l’édifice Lady Grey (CA027487). Puis, au milieu des années 1920, une autre résidence pour adultes, l’édifice Whitney, ouvrit ses portes. Sur la photo d’Onoszko, il s’agit de la grande structure derrière et au nord de l’édifice Lady Grey. Après un coup d’arrêt des travaux par suite de la Seconde Guerre mondiale, une autre vaste campagne d’aménagement eut lieu dans les années 1950, qui donna lieu à la construction de l’infirmerie (qui deviendra plus tard le Carmichael). Sur l’image d’Onoszko, on aperçoit cette structure à l’extrême gauche du terrain de l’établissement.

« Préventorium de la Croix-Rouge, Royal Ottawa Sanatorium », vers 1930

Titre/Description : « Préventorium de la Croix-Rouge, Royal Ottawa Sanatorium », vers 1930
Source : Archives de la Ville d'Ottawa | Hands Studio, MG014, CA027487

 

Ironiquement, alors que la dernière phase importante des travaux était en cours, les premiers médicaments pour traiter la tuberculose firent leur apparition. Toutefois, personne ne s’était préparé à leur efficacité éventuelle. En quelques années, ces médicaments avaient permis de réduire considérablement le nombre de décès et la durée du traitement. Pour la première fois, des lits du sanatorium étaient inoccupés. En 1961, juste après que la photo d’Onoszko fut prise, le conseil d’administration de l’hôpital décida d’autoriser le traitement de toute maladie ou invalidité et d’ajouter de nouveaux services, essentiellement axés sur la santé mentale. Cette réorientation allait mener à un changement de nom et l’établissement devint l’Hôpital Royal Ottawa en 1969. La dernière salle commune pour tuberculeux fut fermée dès l’année suivante. Les bâtiments originaux de l’hôpital apparaissant sur la photo d’Onoszko ont été utilisés jusqu’au début des années 2000, lorsque fut aménagé le complexe moderne de l’Hôpital Royal Ottawa que nous connaissons aujourd’hui.

Avec la démolition des édifices du sanatorium, on a l’impression que ce volet important de notre histoire médicale a également disparu. Au Canada, nous avons souvent tendance à penser que la tuberculose est une maladie appartenant à un passé lointain, malgré sa prévalence ininterrompue dans d’autres parties du monde. C’est l’une des raisons pour lesquelles les collections d’archives comme les photos d’Onoszko sont si importantes; en inventoriant le patrimoine bâti d’Ottawa, ces photos actent également l’existence d’un hôpital qui a joué un rôle essentiel pour sauver la vie de milliers de résidents et révèlent à quel point la tuberculose était en fait courante. En cette période de pandémie de COVID, la photo du Royal Ottawa Sanatorium vient nous rappeler que nos ancêtres pas si lointains ont également vécu des expériences difficiles avec des maladies contagieuses, et peut nous permettre de mieux apprécier notre système public de soins de santé.

Texte rédigé par Claire Sutton, archiviste de la Ville d’Ottawa | 2022.

Pierre St-.Jean : L’homme derrière le maire

Pierre St-Jean (1833-1900) : L’homme derrière le maire – Père de famille, médecin, député et bienfaiteur

Le dévouement du maire Pierre St-Jean auprès des autres et l’effet positif qu’il a eu en tant que personne derrière l’image publique sont une source d’inspiration pour tous. Ce père de famille et médecin de carrière qui ressentait le besoin d’aider autrui a su faire preuve du même dévouement dans le domaine de la politique. Tout comme la majorité des politiciens, il voulait servir ses concitoyens tout en améliorant et maintenant les services communautaires. Ce sont ces mêmes aspirations qui ont guidé ses propositions politiques.

Pierre St-Jean, né à Bytown en 1833, était le fils de l’un des premiers francophones à s’installer à Ottawa. Il a fréquenté la seule école francophone de la ville, a poursuivi ses études au Collège de Bytown, et a obtenu son diplôme de médecine au Collège McGill de Montréal. À son retour de Montréal, il est devenu l’un des trois médecins francophones d’Ottawa. Il a fait partie de la première équipe du personnel régulier de la Congrégation des Sœurs Grises de la Charité d’Ottawa (qui a fondé l’Hôpital général d’Ottawa). En dehors de son travail de médecin et de politicien, il a continué de soigner gratuitement les personnes moins nanties, aiguillées par les sociétés d’entraide d’Ottawa.

Pierre St-Jean et Joseph Balsora Turgeon ont fondé une société littéraire, Cabinet de lecture, offrant la lecture à voix haute aux francophones illettrés. Avec trois autres membres de l’Institut canadien-français d’Ottawa, Pierre St-Jean a fondé le premier journal francophone de l’Ontario – Le Progrès. Il a également participé à la création de l’orphelinat Saint-Joseph et de la Metropolitan Society for the Prevention of Cruelty to Animals. Il a aussi travaillé inlassablement auprès de la Société de Saint-Vincent de Paul. En fait, Pierre St-Jean a consacré temps et argent à bien des institutions culturelles francophones et anglophones de la région, telles que l’Ottawa Musical Union.

Ses objectifs, en tant que maire d’Ottawa (1882-1883), étaient de développer les industries manufacturières et ferroviaires de la ville, de promouvoir une taxation équitable des sociétés bancaires et d’investissements et d’améliorer les réseaux d’égouts et les conduites sanitaires d’Ottawa. Il a réussi à faire adopter un règlement sur les primes, ce qui a permis d’éviter au Conseil municipal d’être à la merci du Chemin de fer Canadien Pacifique lorsque ce dernier a atteint la ville.

À la Chambre des communes, Pierre St-Jean s’est déclaré en faveur de l’amnistie des personnes ayant participé à la Rébellion de la rivière Rouge en 1869-1870. Il a encouragé l’amélioration de la navigation sur la rivière des Outaouais, la protection des droits des minorités de toute religion, la création d’un traité de réciprocité juste et la construction du chemin de fer au Canada, afin d’ouvrir le pays aux immigrants.

Malgré les conflits interculturels de l’époque, les obsèques de Pierre St-Jean, qui ont été à l’image de sa générosité et de ses aspirations politiques, ont reflété à quel point les communautés francophones et anglophones l’estimaient.

Le maire Pierre St-Jean

Titre/Description : Le maire Pierre St-Jean
Article : Archives de la Ville d’Ottawa | CA012345

Texte rédigé par Anne Lauzon, archiviste de la Ville d’Ottawa | février 2022.

Le registre des inspecteurs de la prison du comté de Carleton

L’un des plaisirs à se promener dans une ville est d’y voir les vestiges architecturaux d’un autre temps. La prison du comté de Carleton, qui était située au 75, rue Nicholas et a été transformée en auberge, est un bâtiment fascinant sur ce plan.

Prison de la rue Nicholas

Titre/Description : Prison de la rue Nicholas [prison du comté de Carleton], août 1975
Article : Archives de la Ville d’Ottawa | CA027461

Aux Archives de la Ville d’Ottawa, on trouve un registre d’allure plutôt anodine contenant les rapports des inspecteurs sur l’état de la prison du comté de Carleton, de mai 1874 au 8 janvier 1907 (MG274). Ces rapports étaient produits deux fois l’an jusqu’aux années 1900, puis annuellement par la suite. Le registre, qui couvre 31 années de l’histoire de la prison, détaille l’état de l’établissement, des cellules, du bâtiment et de la cour, le nombre de prisonniers et leurs crimes ainsi que la qualité des repas, de la literie et des vêtements. Chaque entrée est une sorte d’instantané de l’établissement à un moment précis dans le temps.

En 1868, en application d’une loi sur l’inspection des prisons, des hôpitaux, des organismes de bienfaisance et des tribunaux, un poste d’inspecteur des prisons et des organismes publics de bienfaisance a été créé. Son titulaire devait :

« […] visiter et inspecter chaque geôle, refuge, pénitencier et prison ou autre lieu en Ontario qui serve ou soit assigné à la détention de personnes, une fois par an ou plus souvent, si nécessaire ou demandé par le ministre. L’inspecteur peut évaluer chaque personne qui occupe des fonctions ou reçoit un salaire ou une rémunération dans un tel lieu, demander à inspecter tous les livres et documents du lieu et se renseigner sur les affaires qui s’y déroulent. » (paragraphe 8(1))

Au départ, il n’y avait qu’un seul inspecteur pour toute la province : John Woodburn Langmuir (1882-1905), qui a occupé ce poste de 1868 à 1882. Il est l’auteur de la première entrée du registre, rédigée en cursive à l’encre noire le 16 mai 1874. Plusieurs de ses rapports se trouvent dans l’Ottawa Daily Citizen. Un extrait de l’un d’eux se trouve ci-dessous.

Un rapport d’inspection et une registre rédigée

Titre / Description : Un rapport d’inspection
Article : Ottawa Daily Citizen, 17 avril 1879, p. 3

Titre/Description : Entrée du registre rédigée par J.W. Langmuir le 16 mai 1874
Article : Archives de la Ville d’Ottawa | MG274

Il y a 56 entrées dans le registre, toutes écrites par les inspecteurs des prisons et des organismes publics de bienfaisance (nom changé par la suite pour « inspecteur des prisons, des asiles et des organismes publics de bienfaisance). La plupart d’entre elles ont été écrites par John W. Langmuir (mai 1874 à février 1882), Robert Christie (février 1883 à avril 1890), J.H. Chamberlain (août 1891 à février 1902) et R.W. Bruce Smith (janvier 1905 à janvier 1907).

La prison du comté de Carleton, ouverte de 1862 à 1972, a été construite sur une terre donnée par Nicholas Sparks. Ses détenus avaient commis des meurtres, des agressions, du vagabondage ou des larcins (vols de biens personnels) ou encore exploité des maisons closes (prostitution). À l’époque, cette prison était considérée comme un établissement de détention à sécurité maximale moderne. Toutefois, si on la compare aux établissements d’aujourd’hui, elle laisse largement à désirer : ses cellules étaient minuscules, il n’y avait ni lumière ni ventilation, et les détenus n’étaient pas à l’abri des conditions météorologiques changeantes. Ces derniers avaient peu de moyens de s’occuper ou de se divertir.

Texte rédigé par Jacinda Bain, archiviste de la Ville d’Ottawa | janvier 2022.

Lettre sur le scotch et un cadeau de livres

Cette lettre de 1842 de Stewart Derbishire à William Stewart réaffirme que le bon scotch et la compagnie des livres sont universels et transcendent le temps, mais en révèle aussi un peu sur les caractères de ces deux hommes aux premiers jours de Bytown.

Derbishire parle de la réserve d’« alcool de contrebande » ou de scotch, que Stewart lui a donnée lors de son voyage sur la rivière des Outaouais et affirme « que cette liqueur brassée à Skye était vraiment céleste ». La lettre était à l’origine accompagnée d’un cadeau de deux volumes de livres, qui d’après leur description étaient très probablement : A series of original portraits and caricature etchings by the late John Kay miniature painter, Edinburgh with biographical sketches and illustrative anecdotes (Une série de portraits originaux et de gravures de caricatures par le regretté John Kay, peintre de miniatures, Édimbourg, avec des croquis biographiques et des anecdotes illustratives), Édimbourg, 1838.

Lettre de Stewart Derbishire, 1842

Titre/Description : Lettre de Stewart Derbishire, Montréal à William Stewart, Bytown, 1er juin 1842 | CA027456
Article : MG110-ABUS 003, p. 1

Derbishire écrit :

En parcourant ma bibliothèque de Montréal, j’ai renoué avec un vieil ami dans les pages duquel j’ai souvent trouvé de la joie et de l’information. Le livre est particulier, et plein d’anecdotes, de caractère et de puissance graphique.. ... mais je pense que ce livre d’« Édimbourg par Kay » sera plus à sa place dans votre bibliothèque que dans la mienne, et je vous prie de me faire l’honneur de l’y placer, avec l’espoir que son contenu puisse parfois parfumer votre grog du soir.

Derbishire était connu pour son abondante hospitalité et sa générosité, mais ce qui est intéressant, c’est que ces deux hommes étaient des rivaux politiques l’année précédente.

Stewart Derbishire (1798-1863) est né à Londres du Dr Philip Derbishire de Bath et d’Ann Masterton d’Édimbourg. Il a eu une carrière variée en tant que soldat, avocat, journaliste, politicien et imprimeur de la Reine. En 1837, il a travaillé pour le gouverneur général Lord Durham, recueillant à New York des renseignements sur les activités du soulèvement du Bas-Canada. En 1840, il devient rédacteur en chef du Morning Courier à Montréal. Soutenu par le gouverneur général Sydenham, il remporte l’élection à la première Assemblée législative de la province du Canada en représentant Bytown en 1841, et en battant William Stewart. Il a également été nommé imprimeur de la Reine en 1841 avec George-Paschal Desbarats. Une nouvelle législation a été introduite peu de temps après, interdisant aux imprimeurs de la Reine de siéger au Parlement, et il ne s’est pas représenté aux élections en 1844.

William Stewart (1803-1856) est né sur l’île de Skye, en Écosse, fils de Ranald Stewart et d’Isabella McLeod. Sa famille a émigré au Canada en 1816 et s’est installée dans le comté de Glengarry. Il s’est installé à Bytown en 1827 et a ouvert, avec son associé John G. McIntosh, un magasin de marchandises sèches et d’approvisionnement en bois. Il supervisait et équipait des camps de bûcherons sur la rivière des Outaouais et ses affluents et vendait des radeaux de bois au Québec. Il fut également membre fondateur de l’Ottawa Lumber Association et est devenu porte-parole des exploitants forestiers. En 1841, il s’est présenté contre Stewart Derbishire aux élections à l’Assemblée législative pour Bytown. Bien que vaincu, il a aidé Derbishire à faire avancer les intérêts locaux. Il a ensuite été élu à l’Assemblée législative pour le comté de Russell, 1843-1844, puis pour Bytown, 1844-1847. En 1846, il a rédigé le projet de loi visant à incorporer Bytown et à fixer les limites de la ville.

Texte rédigé par Theresa Sorel, archiviste de la Ville d’Ottawa | décembre 2021

Mettons Ottawa et la Tribune de la presse parlementaire en lumière à l’époque de la Confédération

L’album personnalisé D. Palmer Howe (MG825) est un album intrigant mettant en vedette une collection de photos originales en noir et blanc d’Ottawa à la fin des années 1860 et au début des années 1870. Créé vers Noël en 1873, l’album a peut-être été compilé par Howe pour commémorer son séjour à Ottawa lorsqu’il représentait la St. John Tribune à la Tribune de la presse parlementaire. Les images illustrent une époque décisive de la ville et évoquent une certaine tension alors qu’elle devenait la capitale du nouveau Dominion du Canada. Elles démontrent également le rôle de la presse lors de cet événement.

Vue d’Ottawa en direction des chutes de la Chaudière

Titre/Description : Tribune de la presse parlementaire, édifices du Parlement
Source : Archives de la Ville d'Ottawa | MG825 - CA027328

 

L’album de Howe commence par un collage d’images des nouveaux et très coûteux édifices du Parlement. Sur 55 photos compilées par D. Palmer Howe (1846-1874), 11 d’entre elles illustrent ce qui était alors le plus important chantier de construction en Amérique du Nord. Ces longs travaux de construction, qui ont eu lieu de 1859 à 1876, ont suivi la désignation d’Ottawa comme capitale nationale et se sont poursuivis longtemps après la Confédération. Ces photos comprennent l’extérieur de l’édifice du centre, de l’ouest et de l’est ainsi que l’intérieur de la Chambre des communes et la chambre du Sénat, indiquant leur style néo-gothique grandiose qui évoque les Chambres du Parlement britannique et sa démocratie parlementaire.

Les impressionnantes images du Parlement sont immédiatement suivies d’une douzaine de photos de la rivière des Outaouais et du commerce du bois. Elles documentent les chemins de schlitte, les moulins et les énormes piles de bois de la ville, qui révèlent la dominance constante du commerce du bois à l’époque, à la fois pour l’économie et pour le paysage d’Ottawa. Un point de vue important, peut-être pris à partir de l’escarpement du Parlement, illustre les chutes de la Chaudière (CA027328) et démontre l’amalgame de structures industrielles et résidentielles dans la région, dont la construction de certaines d’entre elles semble précaire sur le bord des ravins. On aperçoit dans l’album de Howe le contraste entre l’aspect industriel, dur et ouvrier d’Ottawa et la formalité et la constance des édifices du Parlement — un bon indicateur de la tension présente dans la ville après qu’elle est devenue la capitale.

En effet, les conflits et la tension se faisaient sentir dans l’ensemble du nouveau Dominion dans les années 1860 et 1870. Pendant des dizaines d’années, la politique canadienne a été contrôlée par un électorat élitiste d’hommes blancs propriétaires hargneux et provinciaux qui conservaient leur position en limitant le droit de vote et par la fraude électorale. La Confédération, qui devait en partie résoudre les tensions interrégionales, a seulement été établie après des années de négociation et sans consulter l’électorat. Le gouvernement responsable s’est enfin formé à la fin du 19e siècle.

Vue d’Ottawa en direction des chutes de la Chaudière

Titre/Description : Tribune de la presse parlementaire, édifices du Parlement
Source : Archives de la Ville d'Ottawa | MG825 - CA027325

 

La presse a joué un rôle de premier plan dans les débuts du gouvernement fédéral. De la première session législative à Ottawa, en 1866, à 1875, les débats parlementaires ne comportaient aucun enregistrement officiel. Il revenait à un petit groupe de journalistes connu sous le nom de la Tribune de la presse de noter les activités gouvernementales et de les transmettre à leurs lecteurs. Bien que la presse rapportait les activités du gouvernement avant la Confédération, ce nouveau corps autodirigeant (formé en 1867 sous l’autorité du président de la Chambre) légitimait leurs activités. D. Palmer Howe était l’un des premiers journalistes qui travaillaient à Ottawa, ayant déménagé du Nouveau-Brunswick pour écrire pour le St. John Tribune de 1871 à 1874. Une image clé de son album documente l’apparence de la Tribune de la presse parlementaire dans le premier édifice de la Chambre des communes (CA027325). La tribune est une grande mezzanine au style néo-gothique placée directement derrière la chaise du président de la Chambre, son emplacement représentant la personne de qui relève la presse.

Portait de la Tribune de la presse parlementaire, mars 1873

Titre/Description : Portrait of the Reporter’s Gallery, March 1873
Source : Archives de la Ville d'Ottawa | MG825 -  CA027326

 

Si la presse a fait partie du processus démocratique dès la Confédération, elle était également une entreprise partisane, ses journalistes étant associés à des partis ou politiciens en particulier et recevant des faveurs. Par exemple, Tom White, que Howe a nommé le « père de la Tribune de la presse parlementaire » dans son album, représentait la Montreal Gazette pendant la même période que Howe et se servait de son journal comme porte-parole du Parti conservateur et comme plateforme pour sa carrière politique. Qui plus est, seule l’élite pouvait devenir membre de la Tribune de la presse parlementaire. L’élitisme est flagrant dans l’album de Howe, nommément une photo de groupe de la Tribune datée de 1873 (CA027326). Selon ses légendes, on y conclut qu’en mars 1873, la Tribune était une réflexion des anciennes colonies qui s’étaient jointes au nouveau Dominion du Canada (les journaux de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario et du Québec y sont représentés). On y constate également uniquement des hommes blancs de classe moyenne, comme Howe lui-même (assis à l’extrême gauche). De notre point de vue moderne, cette photo documente les personnes assez privilégiées pour faire entendre leur voix à la fin du 19e siècle, une voix qui transmettait leur interprétation des travaux parlementaires et qui légitimait souvent la position des personnes au pouvoir à une époque où de nombreux Canadiens n’étaient toujours pas admis au suffrage, notamment les peuples autochtones, les femmes, les hommes de la classe ouvrière et les personnes de couleur.

L’album personnalisé de D. Palmer Howe contient bien plus d’information, mais ce sera pour une autre fois. (L’histoire des photographes probables des images, soit William Notman et William James Topley, dont le studio se situait en face du Parlement sur la rue Wellington, mérite un article à elle seule.) Cet impressionnant album nous montre un passé qui semble à la fois si loin de la propreté d’Ottawa aujourd’hui, mais si près en matière d’enjeux sociaux et politiques. L’album de Howe sous-entend que la démocratie au Canada a toujours été controversée, un processus rude et agité qui a souvent profité de l’exclusion pour définir et privilégier les personnes au pouvoir. Il faut nous en souvenir en définissant les injustices du passé, en travaillant vers la réconciliation et l’inclusion et en témoignant d’événements mettant la démocratie et la liberté d’expression à l’épreuve. L’album de Howe nous rappelle que la démocratie n’est pas automatiquement inclusive et paisible — nous devons travailler fort pour l’atteindre.

 

Texte rédigé par Claire Sutton, archiviste de la Ville d’Ottawa | août 2021.

Project 4000

En 1975, deux ans après le départ des troupes américaines du Vietnam-du-Sud, Saigon tombe sous le joug des forces communistes. Malgré la fin de la guerre et l’unification du Vietnam, la persécution des ceux qui ont appuyées les forces américaines et l’ancien régime démocratique du Vietnam-du-Sud s’installe. Des millions de sympathisants et d’anciens militaires sont envoyés dans des camps de rééducation, sont obligés de déménager, ou sont emprisonnés.

Ils sont près de 4 000 réfugiés à arriver à Montréal en 1975 parmi les 5 600 admis au Canada entre 1975 et 1976. En seulement deux ans, plus 1,4 million de Vietnamiens fuient leur pays pour trouver refuge ailleurs. En 1978, la Chine entre en conflit avec le Vietnam ce qui provoque une seconde vague personnes à fuir le pays.

La majorité fuira par voies terrestres, par contre d’autres, en nombre impressionnant, utiliseront des bateaux et des embarcations de fortune pour s’échapper.  Plusieurs devront soudoyer des passeurs, pour embarquer sur de vieux rafiots affrétés par des trafiquants humains naviguèrent les eaux tumultueuses de la mer de Chine. Un nombre évalué à plus de 300 000 personnes prirent la mer mais le tier périra en mer.

Les pays avoisinants, la Malaisie, les Philippes, l’Indonésie, le Singapour, et la Thaïlande arrêtèrent d’accepter les réfugiés qui arrivaient en trop grand nombre en 1979. Les Nations Unies, lors d’une réunion d’urgence, mettent en place une réponse coordonnée des pays membres à la crise des réfugiés.

Émue par les images de cette crise humanitaire, Marion Dewar, alors maire d’Ottawa, décide de réunir des membres de la communauté, des diverses institution religieuses, d’associations et des leaders du monde des affaires pour discuter de l’aide possible à apporter. Lors de la rencontre, elle demandera avec force à ce des moyens de pression soient mis en place afin que le ministère de l’Immigration augmente de 4 000 le nombre prévu de réfugiés qui seront admis pour la seule Ville d’Ottawa.

Elle reçoit l’appui unanime du Conseil, et mettra en place une consultation publique sur le Projet 4 000. Plus de 3 000 personnes assisteront aux présentations, et examineront les options d’aide proposées.

La Ville d’Ottawa fournira 25 000 $ pour démarrer le Projet 4 000, qui sera incorporé à titre d’organisme à but non-lucratif ayant pour mission d’aider les résidents d’Ottawa qui participeront au programme de parrainage privé des réfugiés du gouvernement Canadien. 

Projet 4 000 mettra en place des groupes de bénévoles qui coordonneront : logement, santé, éducation, emploi, relations avec les médias, et levées de fonds.

Vietnamese children in a classroom

Titre | Description : Vietnamiens à Ottawa – Enfants vietnamiens dans une salle de classe 1980, Peter Brousseau, photographe CA027333
Source : MG011

D’après le ministre aux affaires extérieur Flora McDonald le Projet 4 000 a été l’élément catalyseur qui a convaincu les membres du cabinet d’approuver l’augmentation substantielle du nombre de réfugiés admis.

Jusqu’à la dissolution de l’organisme Projet 4 000 en 1983, environ 2 000 réfugiés se sont installés à Ottawa sous le programme de parrainage privé et 1 600 grâce au programme du gouvernement fédéral.

Il est facile d’imaginer le choc culturel et les défis considérables auxquels ils ont dû faire face. Cet organisme, dont Marion Dewar a été l’instigatrice, a été le soutien et l’outil principale d’intégration de ces nouveaux arrivants dans notre communauté ottavienne. 

City of Ottawa press release

Titre | Description : Communiqué de presse de la Ville d’Ottawa du 29 juin 1979, p. 1
Source : RG007-11-03-01 01

Ottawa Journal newspaper article

Titre | Description : Praise for Dewar’s plan (Des éloges pour le plan de Dewar) Ottawa Journal – édition du jeudi 5 juillet 1979, p. 47
Source : MG011

Texte rédigé par Anne Lauzon, archiviste de la Ville d’Ottawa.

Souvenirs d’amitié : Cadeaux offerts aux maires d’Ottawa

Offrir des cadeaux est un rituel qui remonte à la nuit des temps, en signe de bonne volonté entre les peuples de différents clans et de différentes cultures. Aujourd’hui, cet important rituel est devenu une pratique diplomatique lors de visites de dignitaires.

À la Ville d’Ottawa, recevoir des invités constitue un événement officiel lors duquel un protocole bien établi doit être respecté. Les visiteurs à Ottawa sont des membres de la royauté, des chefs d’État étrangers, des dirigeants politiques, des délégations et des organismes communautaires. En arrivant à l’hôtel de ville d’Ottawa, les invités sont officiellement accueillis, puis s’entretiennent avec le maire. Viennent ensuite l’échange de cadeaux et la signature du livre des visiteurs du maire.

Son Honneur Jim Watson, maire d’Ottawa, accueille Minerva Jean Falcon, chargée d’affaires de la République des Philippines, en 2011

Titre/Description : Son Honneur Jim Watson, maire d’Ottawa, accueille Minerva Jean Falcon, chargée d’affaires de la République des Philippines, en 2011
Source : CA025896 | Photographe de la Ville d’Ottawa

Les cadeaux au maire sont un symbole de l’amitié tissée entre la Ville et des personnes et des pays du monde entier. Une fois offerts, les cadeaux sont exposés dans le Bureau du maire afin que les visiteurs puissent les admirer. Ces cadeaux sont par la suite transférés aux Archives de la Ville d’Ottawa aux fins de leur préservation en tant que témoignages durables d’amitié.

Cadeau offert au maire par la République des Philippines, en 2011

Title/Description : Cadeau offert au maire par la République des Philippines, en 2011
Source : AVO/CA025898 | Photographe de la Ville d’Ottawa

L’équipe des Archives a pour mandat d’assurer la consignation, la sauvegarde et l’entretien de ces cadeaux. Elle entrepose les objets anciens dans l’une des quatre chambres fortes à environnement contrôlé, examine chacun d’eux en vue d’expositions et les prépare afin qu’ils puissent être présentés au grand public. Actuellement, il y a plusieurs cadeaux exposés dans l’espace Cadeaux offerts aux maires d’Ottawa, à l’hôtel de ville d’Ottawa.

Texte rédigé par Jacinda Bain, archiviste de la Ville d’Ottawa | Mai 2021.

Diapositives sur plaques de verre

Alors que nous sommes à l’ère des diaporamas numériques et des présentations PowerPoint, la présente collection met en lumière les premières formes de diapositives et de présentations de photographies. Les diapositives sur plaques de verre, utilisées entre 1850 et 1950, se visionnaient à l’aide d’un projecteur appelé lanterne magique, qui diffusait de la lumière. Elles étaient populaires dans les milieux de l’éducation et du divertissement.

Les Archives de la Ville d’Ottawa possèdent plusieurs ensembles de diapositives sur plaques de verre dans ses collections municipales et communautaires. Elles combinent divers procédés photographiques, des œuvres dessinées à la main, des textes, ainsi que certaines œuvres coloriées à la main.

Dans les archives du Service d’adduction d’eau de la Ville d’Ottawa (SAE), on trouve une série de 48 diapositives sur plaques de verre datant approximativement de 1880 à 1926 (RG023-4-1). La plupart de ces diapositives portent sur l’épidémie de fièvre typhoïde de 1911 et 1912 et des efforts de la Ville destinés à désinfecter les réseaux d’aqueduc et d’égout d’Ottawa en vue de contrer la propagation du virus. En effet, les eaux usées non traitées se déversant dans la rivière des Outaouais gagnaient le réseau d’alimentation en eau. Les diapositives pour lanterne comprennent des photographies de la rivière des Outaouais, des égouts et des aqueducs, de même que des diagrammes, des plans, des illustrations, des tableaux, des statistiques démographiques et des rapports. Le SAE utilisait sans doute ces diapositives pour faire des présentations publiques. Le Studio Topley d’Ottawa est l’auteur de plusieurs d’entre elles.

Un scaphandrier plonge dans la baie Nepean à la recherche d’une fuite

Titre : Des efforts de la Ville destinés à désinfecter les réseaux d’aqueduc et d’égout d’Ottawa
Source : RG023/CA002258

Description: Un scaphandrier plonge dans la baie Nepean de la rivière des Outaouais à la recherche d’une fuite dans le réseau d’approvisionnement en eau qui aurait causé l’éclosion de typhoïde en 1911, vers 1911

Conservé dans les fonds communautaires des Archives, le fonds de la famille Stewart (MG017) compte 242 diapositives de lanterne. William Stewart s’est établi avec sa famille à Bytown en 1827. Son fils, McLeod Stewart (1847-1926), sera maire d’Ottawa de 1887 à 1888. Les diapositives de lanterne montrent en grande partie des portraits de personnalités politiques locales et d’éminents citoyens d’Ottawa, ainsi que des paysages de la région d’Ottawa réalisés vers les années 1870 à 1896 (MG017-06-493).

Des bureaux du CPR

Titre : Des bureaux du CPR au 42, rue Sparks
Source : MG017/CA002201
Description : Vue extérieure des bureaux du CPR au 42, rue Sparks, à l’intersection de la rue Elgin, [1894-1896]

Ce fonds renferme également un ensemble de diapositives de lanterne illustrant le projet avorté de canal maritime de la baie Georgienne qui aurait relié Montréal et Ottawa aux Grands Lacs d’amont. Ardent défenseur du projet, McLeod Stewart aurait utilisé les diapositives dans le cadre de ses démarches d’obtention d’un soutien financier pour le projet.

Texte rédigé par Theresa Sorel, archiviste de la Ville d’Ottawa | Avril 2021.

La représentation des Autochtones dans les archives

« Les bâtons et les pierres auront beau me rompre les os, je ne dois jamais me laisser blesser par les mots. » Beaucoup parmi nous ont grandi avec ce cliché percutant, pour éviter de céder à l’intimidation. Pourtant, les mots sont effectivement blessants, et si une photo vaut mille mots, une image peut être terriblement dévastatrice. En cherchant, dans la base de données descriptives des Archives de la Ville d’Ottawa, l’inoffensive expression « costume party » (« fête costumée »), on tombe sur différentes photos, dont celle-ci, intitulée « Lady of Annunciation, Brownie Halloween Party » (« NotreDame-de-l'Annonciation, soirée d’Halloween des Peaux-Rouges »). Si les enfants portent différents costumes, les trois adultes représentés sur la photo sont tous costumés en « Indiens ». Selon les normes d’aujourd’hui, considérer comme des costumes d’Halloween les vêtements des groupes ethniques ou des peuples autochtones est insultant.

« Les costumes "autochtones" de l’Halloween sont vexants pour bien des gens. Nous espérons que nos voix sauront inciter à bien réfléchir avant de vendre, d’acheter ou de porter ces costumes. » – Rebecca Hope Gouthro, The Ubyssey, le 30 octobre 2018.

Fête d'Halloween des brownies, 1955

Titre : Lady of Annunciation, Brownie Halloween Party, 1955
Source : Archives de la Ville d’Ottawa | CA035009

Il n’empêche que ces photos rendent compte des valeurs normatives du passé et peutêtre même du contexte d’une pratique qui a la vie dure. Comment les archives peuvent-elles préserver l’histoire sans continuer d’être complices du colonialisme institutionnalisé? Dans quel contexte faut-il replacer ces photos? Et comment annoncer aux chercheurs qu’ils pourraient tomber sur des photos psychologiquement traumatisantes? Voilà autant de questions sur lesquelles nous nous penchons en prévision de la mise à jour des descriptions et du contenu des archives sur le portail Web des Collections archivistiques et muséales d’Ottawa.

Il ne suffit pas, pour les Archives, de se pencher sur le contenu de leurs collections actuelles : nous tâchons d’enrichir et de diversifier les récits et les anecdotes, préservés en permanence, des citoyens d’Ottawa. Pour comprendre parfaitement l’histoire, nous devons préserver des documents qui constituent la mémoire, racontée à la première personne, de toutes les communautés qui font partie d’Ottawa, dont les Autochtones, les Noirs, les personnes de couleur, les minorités ethniques et la communauté LGTBQ2S+.

Jadis, les archivistes étaient fidèles à un idéal : ils étaient les gardiens de la mémoire. Nous ne narrons et n’éditorialisons pas le sens de cette mémoire. Il faut toutefois constater que cet idéal est essentiellement infondé. L’objectivité est un mirage qu’on ne peut pas maîtriser. Nous devons étaler au grand jour nos processus et nos préjugés.

Texte rédigé par John Lund, archiviste de la Ville d’Ottawa | mars 2021.

 

Un phénomène musical en balade à North Gower

Par une journée ensoleillée d’avril 1957, une voiture Desoto Firedome portant l’inscription « Imperial Records » s’immobilise sur l’autoroute 16, à côté de la maison Ashwood à North Gower. La téléphoniste et photographe amateur Elsie Hyland, qui travaillait au central téléphonique voisin, a sans doute vu la voiture s’arrêter. Lorsque quelqu’un sort du véhicule, elle se précipite vers sa propre voiture garée de l’autre côté de la rue pour saisir son appareil photo à temps et, avant même de sortir de sa voiture, elle prend rapidement un cliché d’un Antoine « Fats » Domino stupéfait, qui s’apprête à marcher sur la rue principale.

D’après les photos, il semble que Domino et son équipe se dirigeaient vers le sud à la fin de la matinée du jeudi 18 avril, après s’être produits la veille au « Biggest Show of Stars of 1957 » à Ottawa. Fats était la tête d’affiche du concert, qui réunissait plusieurs artistes, dont Chuck Berry, Clyde McPhatter et le Paul Williams Orchestra, qui ont donné 45 représentations à travers le continent. Le titre à succès de Domino « I'm Walking » atteignait le sommet des palmarès, et le film « Shake Rattle and Rock » dans lequel il jouait venait d’être projeté à Ottawa la semaine précédente, si bien que la foule d’Ottawa était prête à l’accueillir. Domino et les autres artistes n’ont pas déçu le public, mais les spectateurs d’Ottawa ont peut-être eu de la chance. Quelques semaines auparavant, Domino avait manqué plusieurs dates de tournée en raison d’une maladie, et l’une des voitures du groupe avait pris feu près de Washington DC.

À Ottawa, les choses se sont déroulées dans le calme. Sur le parterre de l’Auditorium, les policiers ont surveillé la situation de près et ont dû menacer à deux reprises d’annuler le concert si le public ne pouvait pas arrêter de danser et demeurer assis. Toutefois, il n’y a pas eu de tension raciale et d’ivresse qui, selon les journaux, alimentaient la violence dans certaines salles américaines. En 1956, des émeutes ont éclaté lors de quatre concerts de Domino, et une date dans le Connecticut a été annulée par simple crainte qu’une cinquième n’ait lieu. Au moment où la version d’automne du Biggest Show of Stars de 1957 (qui mettait à nouveau en vedette Domino et l’Ottavien Paul Anka, arrivant à Ottawa en novembre) s’apprêtait à prendre la route, les événements se sont répétés : une étape de la tournée à Washington DC a été annulée en raison des craintes d’émeutes.

Malgré ces tensions, Domino voyait que sa musique rendait les gens heureux et qu’elle les rapprochait, parfois physiquement, d’une manière qui ne s’était jamais vue auparavant. À cette époque, certaines villes du sud des États-Unis obligeaient encore la ségrégation du public pour les spectacles de divertissement, avec des représentations distinctes l’après-midi et le soir, bien que quelques villes aient choisi d’intégrer le public pour la première fois lors des concerts du Biggest Show au printemps 1957. De même, Domino et les autres musiciens noirs n’étaient pas nécessairement servis dans tous les restaurants des États-Unis. Lors de l’édition d’automne du Biggest Show de 1957, Buddy Holly est sorti en trombe d’un établissement qui était prêt à le servir, mais pas les musiciens noirs qui l’accompagnaient. En jouant de la musique, Domino ne visait pas à conscientiser davantage les gens à la culture noire, mais il est clair que ce fut l’un des résultats. Bien entendu, la situation était différente au Canada, mais au moment où Domino se promenait sur la rue principale de North Gower en avril 1957 et posait pour Elsie Hyland, très peu de personnes d’origine africaine résidaient dans les environs. Contrairement aux communautés voisines comme Ottawa, Hull et Perth, les cantons de North Gower et de Marlborough sont demeurés largement ignorés de la diaspora africaine, jusqu’à l’arrivée d’immigrants des Caraïbes dans les années 1960.

L’énorme popularité de Domino a peut-être contribué à combler le fossé creusé par la ségrégation, mais l’importance de cette légende du rock and roll est sans doute méconnue aujourd’hui, même si on ne la juge qu’en fonction de son influence sur l’industrie de la musique. En novembre 1957, lors de sa deuxième visite à Ottawa la même année, à l’occasion de la version automnale du Biggest Show of Stars, Fats Domino avait déjà vendu 25 millions de disques en moins de dix ans de carrière. Le Temple de la renommée du Rock and roll attribue à Domino plus de succès que Chuck Berry, Little Richard et Buddy Holly réunis. La musique de Domino a influencé la carrière d’Ernest Evans (dont le nom de scène Chubby Checker était un jeu de mots explicite du nom de Fats Domino) et des Beatles, parmi beaucoup d’autres, ainsi que celle des artistes jamaïcains qui ont créé le ska. Artiste prolifique, la succession de Domino a hérité des droits de plus de 1 000 titres. Cependant, même dans les années 1950, la majeure partie des revenus (pour les musiciens, en tout cas) provenait des tournées, et non des ventes de disques ou des redevances. On estime que Domino gagnait à l’époque la valeur actuelle de 4,5 millions de dollars par an grâce à ses concerts.

Ironiquement, les photos de Hyland montrent Domino non pas en train de jouer la musique qu’il aimait, mais en route pour son prochain concert, posant pour l’appareil photo d’une admiratrice, ce qui représentait de plus grands défis pour la vedette. Selon une entrevue accordée au magazine Rolling Stone en 2007, « manger de la nourriture qu’il n’a pas cuisinée et parler à des gens qu’il ne connaît pas figurent en tête de liste des activités qu’il aime le moins ». On dit que Domino a abandonné les concerts parce qu’il ne pouvait plus supporter la nourriture. Comme l’indique un article nécrologique publié par Forbes 2017, « … La Nouvelle-Orléans était le seul endroit où il appréciait la nourriture. Il emportait ses propres chaudrons et casseroles en tournée. »

Peut-être que le Ashwood, ou le Bide-A-Wee voisin, a été choisi ce jeudi matin-là, ou peut-être que Fats prenait simplement un café avant de reprendre la route.

Antoine « Fats » Domino et un membre du groupe ou de l’équipe sur la rue principale, North Gower

Titre / Description : Antoine « Fats » Domino et un membre du groupe ou de l’équipe sur la rue principale, North Gower, près de Bide-A-Wee, avril 1957.
Source : Rideau Archives, collection Elsie Hyland (MGR109-01) Photographe : Elsie Hyland

Antoine « Fats » Domino, à côté de la voiture de tournée d’Imperial Records sur la rue principale, North Gower

Titre / Description : Antoine « Fats » Domino, à côté de la voiture de tournée d’Imperial Records sur la rue principale, North Gower, près de Ashwood House, avril 1957.
Source : Rideau Archives, collection Elsie Hyland (MGR109-01) Photographe : Elsie Hyland

Original publié dans le bulletin d’information de février 2021 de la Société historique du canton de Rideau. Texte rédigé par Stuart Clarkson, archiviste de la Ville d’Ottawa.

Sources : Ottawa Journal; A Rock 'n' Roll Historian (blogue); The Pop History Dig (blogue); « Fats Domino Concerts: Riots and Rock N' Roll » American Masters (KET.org); Rick Coleman, « Fats Domino: Timeline of His Life, Hits and Career Highlights » American Masters (PBS.org); Charles M. Young, « Fats Domino, Big Easy Legend, Hits New York » Rolling Stone 2007; Mark Beech, « Rock Legend Fats Domino Dies At 89: A Look At His Career » Forbes 2017.

L’Auberge coloniale – une maison de rêve

En juin 1926, à un peu plus d’un mille au nord de North Gower, sur ce qui était autrefois la route de Prescott, un nouvel établissement servant des rafraîchissements légers était inauguré. Fermant chaque automne, le Colonial Inn rouvrait au printemps, souvent après avoir subi quelques améliorations au cours de l’hiver. En 1929, la salle à manger était chauffée par une nouvelle fournaise qui venait s’ajouter à un charmant foyer, qui était apparemment insuffisant.

Annonce pour l'Auberge coloniale

Titre/Description : Publicité dans l’Ottawa Journal annonçant l’ouverture du Colonial Inn.
Source : The Ottawa Journal, p. 6, 2 juin 1926.

Annonce de recherche d'aide pour l'Auberge coloniale

Titre/Description : « Main-d’œuvre recherchée au Colonial Inn. »
Source : The Ottawa Journal, p. 21, 31 juillet 1926.

En 1935, la propriétaire, Mlle M. Lennan, présentait son établissement comme étant l’une des haltes préférées des automobilistes. Mlle Lennan décrivait elle-même son bâtiment comme « une vieille cabane en bois rond » qu’elle avait améliorée depuis les années 1920 avec du stuc, du plâtre, des planches, un foyer et une cheminée en pierres et, enfin, une nouvelle annexe.

Article de fond : Your Own Home Near North Gower, Ottawa Journal, 1949

Titre/Description : « Votre maison près de North Gower. La famille Stevenson emménage au Colonial Inn. »
Source : The Ottawa Journal, p. 3, 29 juillet 1949

En raison des conséquences de la Seconde Guerre mondiale, elle a été contrainte d’abandonner l’endroit, y compris les six acres qu’elle avait laissés en friche pendant un certain temps. En 1946, le capitaine Stanley Stevenson, récemment démobilisé, s’est vu octroyer la propriété en vertu de la Loi d’établissement de soldats et de la Loi sur les terres destinées aux anciens combattants.

Malgré le fait qu’il était auparavant directeur du restaurant de la succursale de l’hôtel Lord Elgin, Stevenson a eu l’idée d’exploiter l’endroit non pas comme un établissement de restauration mais comme un jardin maraîcher. Après avoir effectué certains travaux préparatoires, Stevenson a implanté un verger, lequel comptait 200 arbres en 1949, en plus de consacrer un hectare à la culture d’oignons, trois hectares à la culture de pommes de terre et un demi-hectare à la culture de framboises et de se doter d’un élevage de 20 porcs. Le Colonial Inn est actuellement connu en tant que ferme fruitière, et la succursale Rideau des archives a récemment acquis des documents sur le commerce des fruits dans cette région (MGR185), dont trois volumes de registres d’achat couvrant les années 1963 à 1998.

Les registres révèlent que, en 1965, près de la moitié des ventes de pommes ont été conclues au kiosque de la ferme et que des commandes en gros ont été passées par Rhiza Meadows de Manotick, Bonell Fruit and Vegetables de Spencerville, G. Scharfe de Kars et Carsonby Gardens.

Source : Bulletin de la RTHS de mars 2015

 

Plus qu’un simple dépanneur

Les photos des rues principales du canton de Rideau évoquent les anciens magasins généraux qui occupaient une place centrale dans les petites localités d’autrefois. Nous pouvons facilement imaginer la vaste gamme de produits que ces magasins mettaient à la disposition des gens de la place : biscuits, médicaments pour l’estomac, bottes, clous, noix de muscade, huile pour machines, thé, poli à poêle, papier peint, sucre, livres, savon, boutons, harmonicas, semences de carotte, mocassins, bois de corde et tabac à volonté – un assortiment bien plus vaste que celui des magasins à un dollar modernes qui ont, dans une certaine mesure, pris leur place.

Un homme et un cheval devant le magasin Leach's à North Gower

Titre / Description : Magasin Leach de North Gower
Description : Tweedsmuir History, North Gower Women's Institute Vol. 1, p. 95,
Source : no d’acquisition 1994.09, code de réf. MGR049

Les livres de comptes de Thomas Salter (MGR054) nous révèlent une partie de ce que celui-ci vendait dans son magasin de Reeve Craig au tournant du XXe siècle. Certains articles vendus témoignent de changements survenus à l’époque : le voile de religieuse qu’il a vendu à William Beggs en 1894, par exemple, n’était devenu à la mode que dans les années 1880; les pilules roses achetées par Augustus Arcand étaient fort probablement des « Dr. William’s Pink Pills for Pale People », un produit fabriqué pour la première fois durant les années 1890 à Brockville, en Ontario, pour être plus tard distribué dans tout le Commonwealth; le vert de Paris, fabriqué à partir d’acétate de cuivre et de trioxyde d’arsenic, était un insecticide courant à cette époque. Et comme en témoignent les timbres d’oblitération sur la page de garde d’un livre de comptes du magasin Salter, nombre de magasins généraux de l’époque servaient également de bureau de poste local. On trouve aussi des preuves d’affranchissement de lettres recommandées. L’argent liquide étant rare, le crédit était le principal moyen d’effectuer des achats. Toutefois, les livres de comptes font également état de quelques cas de troc : Henry Keys a obtenu une montre Waltham américaine en échange de sept cordes de mélèze vert.

Quelques pages d’un des livres de comptes de Thomas Salter

Titre/Description : Quelques pages d’un des livres de comptes de Thomas Salter
Source : MGR054

Publicités pour les pilules roses du Dr Williams tirées du Ottawa Journal, 1897

Titre : Publicité du Dr Williams Pink Pills
Description : Les pilules roses pour personnes pâles du Dr Williams

Source : L'Ottawa Journal 1898

Se procurer des livres dans le confort de son foyer

Il y a un siècle, l’achat de livres se faisait beaucoup par l’entremise de vendeurs à Ottawa ou dans d’autres grandes villes de la région, entre voisins, ou encore par abonnement.

L’abonnement permettait de recevoir des livres par la poste ou par la visite d’un vendeur, qui cognait à la porte des fermes et des maisons, une valise remplie d’échantillons à la main, à la recherche d’acheteurs potentiels. Ces livres étaient produits par des éditeurs de grands centres urbains spécialisés dans les livres pour abonnement. On dit que Bradley-Garretson, éditeur à Brantford et à Toronto, employait dans les années 1880 deux à trois mille vendeurs à travers le Canada.

L’entreprise J. L. Nichols Limited de Toronto, un autre éditeur spécialisé dans l’abonnement, avait publié, par exemple, The Farmer’s Manual and Complete Accountant, une encyclopédie qui regroupait des conseils sur les pratiques vétérinaires, la calligraphie, la rédaction de contrats, la comptabilité et autres sujets du même genre.

William Whiting, un fermier de la première concession de Marlborough, avait inscrit en date du 4 mars 1904, dans la section Weather Notes du Farmer’s Manual, qu’il avait acheté le livre à un certain W. H. Percival de Kemptville pour 1,75 $. Ce Percival avait-il lui-même un abonnement, ou bien était-il vendeur chez J. L. Nichols Company Limited? Nous ne le savons pas. Ce que nous savons par contre, c’est que la copie de Whiting, conservée par la succursale des Archives de Rideau dans le fonds de Ruth Armstrong (MGR020), nous donne une trace du lien entre le canton de Rideau et la vente de livres par abonnement, juste avant la fin de sa popularité, qui a décliné à l’époque de la Première Guerre mondiale.

La page de couverture du encyclopédie The Farmer’s Manual and Complete Accountant

Titre : The Farmer’s Manual and Complete Accountant
Description : The Farmer’s Manual, vendu exclusivement par abonnement par la J. L. Nichols Company Limited.
Source : MGR020

Original publié dans le bulletin d’information de juin 2014 de la Société historique du canton de Rideau. Texte rédigé par Stuart Clarkson, archiviste de la Ville d’Ottawa.