Changement de culture : la conception urbaine compte
Donner une place essentielle à la conception urbaine, attacher une valeur élevée à l'architecture et investir dans des projets du domaine public de qualité revêtent maintenant beaucoup d'importance pour les grandes villes d'Amérique du Nord. Cette constatation vaut particulièrement pour les centres-villes. Avant la fusion des municipalités, la conception urbaine du centre-ville d'Ottawa ne faisait pas l'objet d'un processus défini ou n'était pas considérée comme une priorité dans les projets d'aménagement municipaux à l'extérieur du domaine de la capitale relevant de la Commission de la capitale nationale. Ottawa est une ville complexe qui doit concilier le besoin de repousser ses limites en créant de nouvelles zones urbaines avec celui de gérer la réurbanisation et les améliorations au tissu urbain existant. Dans les deux cas, la conception urbaine compte.
Il faut discuter publiquement et à maintes reprises de conception urbaine pour qu'elle s'intègre vraiment à la culture d'une ville. Il faut aussi qu'elle se traduise par des réussites. Il importe que la Ville donne l'exemple dans la poursuite de l'excellence de la conception urbaine pour que celle-ci devienne une " exigence de base " et ne soit plus ajoutée dans l'examen des projets municipaux que " si le budget le permet ".
Plusieurs possibilités à saisir s'offrent dans ce domaine :
- La Ville devrait constituer un groupe de travail composé de cadres supérieurs de son personnel et le charger d'améliorer la coordination entre les services et de trouver des moyens pour que tous les projets municipaux utilisent les ressources disponibles afin d'améliorer la conception urbaine du domaine public. Cette mesure aiderait la Ville à adopter une approche plus globale de la construction d'ouvrages publics en s'assurant que les projets d'infrastructure améliorent l'aspect visuel du centre-ville. Les vues collectives d'ingénieurs, d'architectes-paysagistes et d'artistes permettraient de renforcer considérablement la qualité des ouvrages publics. En ajoutant un architecte municipal et un architecte-paysagiste municipal à leur personnel supérieur, certaines municipalités fournissent une orientation plus précise à ce groupe d'employés.
- La création d'un Centre de la conception du centre-ville d'Ottawa, qui serait doté d'un personnel et de ressources propres, pourrait aider les secteurs public et privé à comprendre comment ils peuvent participer à la réalisation des nombreuses initiatives positives proposées dans cette stratégie. Le Centre de la conception pourrait aussi devenir un foyer de sensibilisation à la conception urbaine et d'examen de nouvelles orientations en faisant régulièrement venir à Ottawa pour des séances publiques les meilleurs praticiens des diverses professions liées à la conception urbaine. L'École d'architecture de l'Université Carleton et la CCN seraient d'excellents partenaires pour la réalisation de ce projet.
- Groupe d'examen de la conception urbaine. L'impression générale que donne le centre-ville d'Ottawa dépend en grande partie de la qualité de l'aménagement de certaines de ses parties. La CCN a constitué un groupe de spécialistes de la conception reconnus à l'échelle nationale auquel sont soumis les projets de bátiments et d'aménagement paysager du domaine public ainsi que la plupart des orientations en matière de planification. À Vancouver, sous une structure de planification provinciale qui diffère de celle de l'Ontario, un groupe de spécialistes de la conception est parvenu avec beaucoup de succès à réaliser certains des projets de réaménagement les plus intéressants et les plus réussis du centre-ville. La Ville pourrait choisir d'imiter Vancouver pour des projets visant des endroits clés importants pour la municipalité ou pour lesquels des améliorations coûteuses sont prévues. De nombreuses villes ont recours à cette méthode exclusivement pour les projets d'aménagement privés, mais il serait dans l'intérêt d'Ottawa qu'elle adopte aussi ce processus pour les projets publics.
- De nombreuses villes et universités lancent des concours de conception dirigés pour les grands projets de bátiments et de parcs publics. L'avantage de cette méthode, c'est qu'elle apporte toute une gamme d'expériences et d'approches en matière de conception d'éléments publics tout en faisant participer l'ensemble de la collectivité au processus de conception. La Ville de Toronto a récemment tenu des concours en vue de l'aménagement d'espaces libres dont le parc Bloor Yorkville, la Place du palais de justice et, plus récemment, le parc HtO à Harbourfront. La Ville a reçu des éloges pour l'aménagement de tous ces endroits qui contribuent à l'image de marque de Toronto.
Améliorer le processus
L'intégration de la Stratégie de conception urbaine du centre-ville d'Ottawa au cadre réglementaire de la Ville vise deux objectifs principaux : le premier est de simplifier le plus possible le processus d'examen des demandes d'aménagement, ce qui inciterait les promoteurs à adopter de bons principes de conception urbaine; et le second, de veiller à ce que tous les aspects du processus d'examen des demandes d'aménagement cadrent avec les principes et les objectifs de la Stratégie de conception urbaine du centre-ville d'Ottawa.
Cadre réglementaire
Un élément essentiel de la Stratégie de conception est l'intégration de l'approche fondée sur la conception urbaine au cadre réglementaire, c'est-à-dire au Plan officiel, aux plans de conception communautaire, à l'approbation des plans d'implantation, à l'examen du règlement de zonage général et même à la protection des emprises pour les voies municipales. Il est possible dans ces documents de " codifier " cette nouvelle approche à l'égard de l'aménagement et de faire référence aux principes et aux recommandations figurant dans la Stratégie de conception urbaine du centre-ville d'Ottawa.
1. Le Plan officiel
Le nouveau Plan officiel d'Ottawa fixe une approche axée sur la conception urbaine pour les projets d'aménagement proposés dans la nouvelle ville fusionnée. Des stratégies de conception plus détaillées seront établies dans les plans d'aménagement futurs destinés à d'autres parties de la ville que le centre-ville. Pour renforcer l'approche de conception préconisée dans le Plan officiel, les orientations stratégiques et les principales recommandations formulées dans la Stratégie de conception urbaine du centre-ville d'Ottawa devraient être intégrées au Plan officiel, notamment dans les sections pertinentes des plans secondaires existants pour l'aire centrale et les quartiers adjacents.
La liste des stratégies prioritaires figurant dans la Stratégie de conception urbaine du centre-ville d'Ottawa devrait être annexée au Plan officiel pour qu'elle puisse servir de guide au personnel chargé des travaux publics en question. L'annexe pourra être mise à jour à mesure que les projets sont exécutés et que de nouveaux projets sont envisagés sans qu'il soit nécessaire de modifier le Plan officiel lui-même.
2. Règlement de zonage
L'examen du règlement de zonage général présente une occasion idéale d'intégrer de nouvelles approches progressistes de la conception urbaine dans le domaine du zonage, en particulier dans les zones où l'on prévoit des changements physiques substantiels et pour lesquelles des études de conception détaillées ont été effectuées. Dans les zones qui ne devraient pas changer d'aspect, on peut continuer d'utiliser les outils de zonage traditionnels.
Il en découle que l'orientation de la stratégie sur la conception urbaine peut être intégrée dans le domaine du zonage de plusieurs façons :
- Dans les zones qui sont censées demeurer stables, conserver les dispositions de zonage habituelles, qui peuvent être enrichies ou améliorées par de nouvelles dispositions relatives à la conception, pour protéger les attraits de cette partie de la communauté. Cette approche pourrait, par exemple, s'appliquer au quartier centre-ville, ainsi qu'aux autres quartiers entourant le centre-ville.
- Pour les zones comme celles de l'est du marché, de l'est de la rue Rideau et du district du parc de l'Escarpement, entre autres, qui feront peut-être l'objet d'études de conception urbaine, le nouveau règlement créerait des catégories de zonage axées sur la conception urbaine. Ces catégories seraient établies en se fondant sur des esquisses de l'enveloppe de zonage qui illustreraient la hauteur et la masse ainsi que les retraits et les marges de recul, sans référence cependant à la densité. Cette approche a été appliquée avec succès dans des parties d'autres villes où l'on a décidé de réinvestir et où la forme bâtie prime sur la réglementation relative à l'utilisation des sols. Elle s'est révélée très souple, mais exige que les paramètres de conception devant être intégrés au règlement soient très précis.
3. Permis d'exploitation
Pour les zones qui ont déjà fait l'objet d'études de conception plus approfondies, on pourrait envisager l'application d'un nouveau système de délivrance de permis d'exploitation. Le permis d'exploitation est un nouvel outil de planification qui a été ajouté à la Loi sur l'aménagement du territoire en 1995 (paragraphe 70.2(1)). Son objectif est de permettre aux municipalités de combiner les demandes relatives au zonage, aux dérogations mineures et à la réglementation des plans d'implantation en une seule demande de permis d'exploitation. Ce système donne plus de souplesse aux municipalités pour adapter à leurs besoins le processus d'approbation, en leur permettant en particulier d'intégrer des considérations sur la conception à un règlement de zonage par ailleurs assez rigide.
En outre, des pouvoirs accrus sont accordés au personnel qui peut approuver les demandes d'aménagement et les dérogations mineures dans les limites des paramètres établis pour les permis d'exploitation, réduisant ainsi le rôle du Conseil municipal à l'approbation de plans d'implantation précis.
La mise en œuvre du système de délivrance de permis d'exploitation exige l'inclusion de dispositions habilitantes dans le Plan officiel ou les plans secondaires, de même que l'élaboration d'un règlement sur les permis d'exploitation comportant des critères relatifs au zonage et à la conception urbaine. Ce processus suppose des efforts initiaux assez importants tant au titre de la conception urbaine et de la réglementation que des consultations publiques. Effectivement, une fois que le règlement sur les permis d'exploitation est adopté pour une zone donnée, le public n'a plus de droit de s'opposer à un projet d'aménagement quel qu'il soit (c'est là un important aspect de la rationalisation du processus d'approbation des projets d'aménagement).
La province de l'Ontario a créé des " zones pilotes " pour mettre à l'essai le système de délivrance de permis d'exploitation et elle a recommandé à la Ville d'Ottawa de demander que l'une des zones ciblées de son territoire fasse partie d'un projet pilote. Les zones qui pourraient être incluses dans un projet pilote aux fins du système de délivrance de permis d'exploitation comprennent le parc de l'Escarpement, la rue Sparks, ou l'est de la rue Rideau/du marché.
On peut s'attendre à ce qu'une combinaison de ces stratégies réglementaires s'applique à diverses parties de la zone à l'étude pour tenir compte des divers objectifs, niveaux et portée des projets d'aménagement prévus.
Autres facteurs à prendre en compte
Plusieurs autres aspects de l'examen des projets d'aménagement doivent être intégrés à la Stratégie de conception. Il s'agit du processus du Comité de dérogation, de l'examen des plans d'implantation (y compris de la modification et de l'approbation des emprises) et de l'application de politiques visant les divers districts de conservation du patrimoine situés à l'intérieur de la zone à l'étude. Dans une grande mesure, l'essentiel est de veiller à ce que le public et le personnel sachent que les principes de la Stratégie de conception font partie intégrante du processus d'examen et agissent en conséquence.
Comité de dérogation
C'est au Comité de dérogation que l'on s'adresse habituellement pour faire approuver une augmentation de la densité ou de la hauteur de bátiments proposés. Dans bien des cas, le processus d'examen et d'approbation comporte une analyse des éléments de conception, dont certains figurent parmi les conditions liées à l'approbation. Il est donc très important que le personnel et les membres du Comité veillent à ce que les principes de la Stratégie de conception soient aussi pris en compte à des fins d'uniformité et de réalisation d'un aménagement cohérent du centre-ville.
Examen de la réglementation des plans d'implantation
La réglementation des plans d'implantation représente la partie du processus d'approbation des projets d'aménagement qui tient le plus compte des éléments de conception urbaine et qui donne l'occasion d'améliorer le domaine public, que ce soit en précisant la nature et la qualité de l'aménagement paysager et du paysage de rue, l'accès aux piétons et aux automobiles et, dans une certaine mesure, le style architectural à respecter. C'est à cette étape-ci que la Stratégie de conception prend tout son sens. Cependant, pour qu'elle porte fruit, tous les services et tous les employés participant au processus de réglementation des plans d'implantation doivent être résolus à suivre l'approche axée sur la conception et le faire dès le départ. Il en est de même des décisions à prendre au sujet de l'acquisition et de l'aménagement des emprises municipales, qui permettent aussi d'améliorer la qualité du domaine public.
Districts de conservation du patrimoine
Le centre-ville compte plusieurs districts de conservation du patrimoine. La Stratégie de conception urbaine du centre-ville d'Ottawa considère la protection de ces districts comme essentielle à la préservation de la qualité du centre-ville. Le processus d'examen suivi par la Ville et par le Comité consultatif sur la conservation de l'architecture locale (CCCAL) concernant l'aménagement de ces districts s'appuie sur les critères figurant dans les politiques respectives, qui traitent surtout de la caractéristique et de la qualité de l'architecture par rapport au contexte historique. Il est donc recommandé que ces politiques continuent d'être appliquées par la Ville en plus de la mise en œuvre des principes et de l'approche préconisés dans la Stratégie de conception urbaine du centre-ville d'Ottawa.
Assurer la coordination interne
Tout le processus réglementaire décrit ci-dessus ne portera fruit que si le personnel municipal est résolu à donner suite aux recommandations relatives à la conception urbaine et est organisé à cette fin. La façon la plus efficace d'assurer la cohérence préconisée est d'obtenir le concours du groupe de travail de cadres supérieurs de la Ville. Les membres du groupe doivent veiller à ce que la Stratégie de conception urbaine du centre-ville soit non seulement prise en compte dans tout projet d'immobilisations, mais soit également incluse dans l'examen et les négociations qui font partie intégrante du processus d'examen des projets d'aménagement. Les demandes d'approbation visant le centre-ville, qu'il s'agisse de changement de zonage, de dérogations mineures ou de réglementation des plans d'implantation, devraient être soumises à ce groupe de travail pour qu'il les examine et s'assure que les normes les plus élevées en matière de conception et d'architecture urbaines sont respectées. Le groupe de travail doit aussi insister auprès de tous les employés chargés de l'examen des demandes sur l'importance de la Stratégie de conception dans le cadre de ce processus.
On prévoit qu'avec le temps, les plans de conception communautaire et les plans secondaires intégreront ces importants critères de conception, mais en attendant, les cadres supérieurs doivent promouvoir activement le changement de culture décrit précédemment si l'on veut qu'il soit concrétisé.
Optimiser les gains pour la communauté
Une partie essentielle de cet exercice consiste à veiller à ce que chaque projet d'aménagement rehausse la qualité et la nature même du domaine public communautaire dans l'ensemble du centre-ville. L'excellence dans le domaine de l'architecture, de l'aménagement paysager et du paysage de rue constitue un avantage potentiel évident d'une stratégie coordonnée.
Une stratégie coordonnée peut entraîner d'autres avantages pour la collectivité en vertu de l'article 37 de la Loi sur l'aménagement du territoire, lequel permet à une municipalité d'autoriser en contrepartie d'avantages communautaires une exploitation accrue en hauteur et en densité. Le nouveau Plan officiel d'Ottawa comporte déjà la politique requise pour permettre une augmentation de la hauteur et de la densité en échange d'avantages communautaires comme la construction d'installations culturelles publiques, la conception de bátiments et de l'art public, la préservation du patrimoine et la protection des logements locatifs. La politique prévoit aussi le recours à l'article 37 dans le cas d'autres avantages locaux indiqués dans les plans de conception communautaire, les plans d'amélioration communautaire, les budgets des immobilisations ou d'autres projets ou études de mise en œuvre. Par conséquent, les éléments prioritaires de l'aménagement du centre-ville, dont l'art public, le style architectural, l'aménagement paysager ainsi que le paysage de rue, pourraient être " échangés " contre une exploitation accrue en hauteur et en densité.
Plus précisément, il serait possible d'invoquer l'article 37 pour mettre en œuvre la stratégie d'acquisition d'espaces libres publics exposée dans cette étude. La disposition pourrait s'appliquer à l'ensemble du centre-ville ou à une zone plus restreinte à l'intérieur de celui-ci surtout si des demandes d'aménagement ont été présentées ou si des pressions s'exercent à cet égard. L'expérience d'autres grandes villes canadiennes révèle que lorsque des améliorations sont prévues à des projets d'aménagement ou à proximité de ceux-ci, elles ont tendance à être plus facilement acceptées par les promoteurs immobiliers qui se rendent compte qu'elles rendront leurs projets plus attrayants (et en augmenteront la valeur).
Bien que ce mécanisme soit censé s'appliquer aux demandes de modification de zonage, le même principe devrait valoir pour celles qui sont soumises au Comité de dérogation. Comme les dérogations de zonage sont susceptibles d'être moins importantes que lorsqu'il y a modification de zonage, les échanges exigés risquent d'être moins grands.
Nouveaux processus de conception
Devancer le changement
De nombreuses villes cherchent de nouvelles façons de se pencher sur les questions liées à la conception urbaine qui favoriseraient une plus grande participation de la population et se traduiraient par des projets et un domaine public de meilleure qualité. Le défi consiste à intervenir assez tôt dans le processus pour exercer une influence sur les résultats. La méthode de participation publique qui a abouti à l'élaboration de la Stratégie de conception urbaine du centre-ville d'Ottawa est un bon exemple de ce type de discussion communautaire générale sur l'avenir de la ville.
On a souvent recours aux charrettes et aux ateliers de conception pour discuter d'endroits de la ville qui présentent des difficultés ou lorsqu'on souhaite renverser une tendance ou corriger une situation. Cependant, les recommandations issues de ces séances sont rarement mises en œuvre parce qu'elles viennent trop tard ou ne s'inscrivent pas dans un effort continu ou un programme précis de planification ou d'investissements en immobilisations.
De nombreuses villes estiment que ces techniques donnent de meilleurs résultats lorsqu'elles servent à étudier à l'avance les endroits où des changements sont envisagés. Devancer le changement est la seule façon de faire concorder les projets d'aménagement avec les impératifs liés aux améliorations et aux services du domaine public. Plus la population résidentielle du centre-ville augmente, plus cette concordance s'impose.
Cette approche suppose de déterminer les parties de la ville qui bénéficieraient d'une étude axée sur la conception urbaine, pour que les initiatives futures donnent les résultats escomptés. Le district du parc de l'Escarpement et la zone de réurbanisation de l'est du marché sont de bons exemples d'endroits où des changements importants sont inévitables et doivent être gérés en fonction d'un ensemble d'objectifs convenus. Ces objectifs peuvent alors être harmonisés avec toute la gamme d'activités qui seront menées à l'avenir par les secteurs public et privé dans ces parties du centre-ville. Les promoteurs immobiliers du secteur privé aiment bien savoir clairement ce que le secteur public attend d'eux et, une fois qu'ils ont compris ces attentes, peuvent participer plus volontiers à la réalisation des objectifs fixés.
De nombreuses villes ont conçu des outils interactifs pour procéder à ce genre d'examen qui ne se limite pas à l'incidence d'un seul projet à un endroit donné. À titre d'exemple, les maquettes en trois dimensions ou les représentations visuelles informatiques montrant les changements au domaine public constituent de bons outils pour faire connaître l'ensemble des choix qui s'offrent. Ces outils peuvent être intégrés au processus d'exploration de la conception urbaine et les modèles qui en résultent peuvent être constamment actualisés pour refléter les changements apportés.
Approche proactive de la conception
Conception urbaine et communauté du centre-ville
Ottawa présente une gamme de formes urbaines typiques de la plupart des villes nord-américaines : banlieues nouvelles aux limites de la ville, banlieues de l'après-guerre, zones résidentielles d'avant la guerre et cœur historique construit sur les fondations et la trame urbaine de la ville du XIXe siècle. À Ottawa, s'ajoute la dimension supplémentaire de la capitale nationale, qui ne se borne pas uniquement au cœur de la ville, mais intéresse toute la ville. La présence du gouvernement constitue un élément important de l'image du centre-ville d'Ottawa.
Le centre-ville d'Ottawa est très urbanisé. Il se caractérise par un ensemble compact d'immeubles situés dans des îlots entourés de nombreux quartiers résidentiels intacts.
Le centre-ville est par définition très dynamique. On construit très peu sur des terrains ayant toujours été vacants. Il s'agit plutôt de réurbanisation qui se concentre sur des bátiments plutôt que sur des terrains. Les espaces libres existants ont d'ailleurs davantage une vocation esthétique que récréative.
Tous ces facteurs font que la conception urbaine au centre-ville exige pour réussir un ensemble de compétences très particulières. Ces compétences sont bien différentes de celles qui sont nécessaires pour gérer l'aménagement de zones de banlieue où tout est neuf, ou celui de quartiers existants du centre de la ville où les résidents ne souhaitent pas beaucoup de changements.
Pour que la conception urbaine soit réussie au centre-ville, la Ville devra modifier les méthodes de conception urbaine qu'elle utilise actuellement, c'est-à-dire :
- constituer un groupe de spécialistes qui sera chargé d'étudier en particulier les questions liées à l'aménagement du centre-ville, dont le caractère architectural des bátiments résidentiels et commerciaux à forte densité et de grande surface au sol, des complexes résidentiels multiples à densité moyenne et des espaces urbains libres comme les canaux, les places, les cours, les paysages de rue et les couloirs réservés au transport;
- adopter une approche proactive de la conception urbaine fondée en grande partie sur l'examen des plans d'implantation qui s'accompagnerait dans une égale mesure, d'une exploration proactive des façons de transformer la ville de façon positive. L'information recueillie par cette méthode rendra l'examen des plans d'implantation beaucoup plus fructueux.
La conception urbaine doit être considérée comme un domaine auquel il convient d'attribuer des fonds pour la tenue d'exercices axés sur la conception, de charrettes et de concours de conception.
Initiatives publiques
Cerner les projets et partager les responsabilités pour l'embellissement du centre-ville
En définissant clairement les projets et les orientations, en les faisant connaître à un vaste public et en les concrétisant graduellement, la Commission de la capitale nationale a très bien réussi à améliorer l'aspect de la ville.
La Ville d'Ottawa doit faire de même. Sans plan à long terme, ni le domaine public ni le domaine privé ne peuvent participer à un véritable changement. La Stratégie de conception urbaine du centre-ville d'Ottawa repose sur l'hypothèse voulant que sa mise en œuvre exige de nombreuses années. En fait, son succès sera jaugé à la mesure dans laquelle elle suscitera un changement permanent dans l'approche générale à l'égard de la construction des infrastructures municipales.
La Stratégie de conception urbaine du centre-ville d'Ottawa comporte les recommandations et les observations suivantes :
- Les programmes annuels de réfection et de remplacement des infrastructures doivent systématiquement inclure des améliorations communautaires, ce qui permet, en particulier dans le domaine public, de faire en sorte que les améliorations communautaires constituent des éléments normaux de tout projet de réaménagement et d'entretien de la ville.
- Les programmes d'amélioration ou d'expansion des transports en commun et d'autres types de transport doivent prévoir des ressources suffisantes pour s'accompagner d'une amélioration du paysage de rue et des espaces libres publics. Cette méthode a connu beaucoup de succès dans des villes américaines au cours des dix dernières années dans le cadre des programmes fédéraux T21 et ICT.
- L'art public agrémente le milieu urbain et peut contribuer à rehausser l'image d'une ville. L'art public doit constituer une composante régulière du processus de commande de l'infrastructure municipale.
- De grands arbres ornent les centres urbains des villes les plus belles. L'important programme de reboisement mis en œuvre il y a 50 ans dans le secteur nord-ouest de Washington a beaucoup embelli cette partie de la ville. Tous les projets municipaux doivent inclure une contribution à la réalisation d'un programme de forêt urbaine bien défini.
- Tous les endroits où il serait possible dans l'avenir d'aménager des espaces libres au centre-ville doivent être répertoriés et un système doit être mis sur pied pour s'assurer que ces espaces ont fait l'objet d'un examen approfondi avant d'être rayés de l'inventaire.
- La Ville d'Ottawa, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et la CCN sont les trois principaux intervenants responsables de travaux de construction au cœur de la ville puisqu'ils sont propriétaires de la plupart des terrains et des bátiments dans ce secteur ou en sont les locataires. Par conséquent, les décisions immobilières qu'ils prennent ont des répercussions sur le centre-ville. Ces trois entités doivent s'engager à prendre des décisions stratégiques et à promouvoir l'excellence de la conception urbaine au centre-ville. Il est important que des partenariats soient conclus entre ces trois parties en vue de réaliser cet objectif.
- De même, il faut déterminer les endroits où la Ville et le secteur privé peuvent former un partenariat pour promouvoir l'excellence de la conception urbaine.
- La vente de terrains publics doit être assujettie au respect de normes en matière de conception ou de qualité du domaine public.
Valorisation
Célébrer les réussites
La réussite engendre la réussite. Lorsqu'un élément crucial de la Stratégie de conception est réalisé ou qu'un projet particulièrement bien conçu est inauguré, il est important de souligner son apport positif au tissu urbain et à l'économie d'Ottawa.
De nombreuses villes d'Amérique du Nord tiennent un événement annuel ou semestriel de remise de prix de conception urbaine au cours duquel les lauréats sont honorés publiquement. Les projets primés deviennent de bons exemples de réalisations du secteur privé à imiter dans toute la ville.
Ottawa a établi un Prix de la conservation de l'architecture qui met l'accent sur la restauration réussie de bátiments patrimoniaux. On pourrait donner un nouveau nom à ce programme et en élargir la portée pour qu'il soit davantage axé sur l'aménagement du centre-ville. Il pourrait comporter les catégories suivantes : bátiments, conception de grands espaces ou de quartiers, visions et plans directeurs.