8.1 Conception des rues vertes
Promenade Kanata, Ottawa
La notion de « rue verte » est définie dans le Plan directeur des espaces verts (2006) de la Ville. Ces rues présentent un intérêt visuel en tant qu’espaces libres bordés d’arbres et mettent l’accent sur la qualité de l’environnement. Elles servent souvent à relier entre eux des éléments du réseau d’espaces verts d’Ottawa comme les parcs, les espaces libres, les espaces naturels et les installations de gestion des eaux pluviales, de même que des écoles, des bâtiments municipaux, des lieux de travail et d’autres points de destination communautaires. L’offre d’installations agréables et pratiques pour les piétons et les cyclistes occupe une grande importance dans la conception des rues vertes, qui sont parfois d’importants couloirs de transport en commun.
Comme le nom l’indique, les rues vertes ont pour caractéristique inhérente une verdure abondante, constituée principalement d’arbres, d’arbustes, de gazon et de plantations. La végétation procure de nombreux bienfaits cumulatifs : régulation de la température, réduction de la consommation d’énergie, ombre et protection contre les rayons UV et le vent, infiltration de l’eau dans le sol, prévention du compactage du sol, gestion de l’érosion, amélioration de la qualité de l’air, production d’oxygène, réduction du dioxyde de carbone et de la pollution, rétention des eaux pluviales, atténuation du bruit, diminution de l’éblouissement, création d’habitats, amélioration de l’aspect visuel des lieux et appréciation des propriétés.
Habituellement situées dans le secteur urbain et les villages, les rues vertes sont désignées dans des documents de planification tels que le Plan directeur des espaces verts, des plans de conception communautaire et des plans secondaires. Certains plans antérieurs au Plan directeur des espaces verts de 2006 et donc à l’utilisation, par la Ville d’Ottawa, du terme « rue verte », attirent l’attention sur des routes qui remplissent les fonctions attribuées ci-dessus aux rues vertes. Un resserrement des normes de conception et de construction pourrait s’avérer nécessaire pour qu’une route remplisse les fonctions d’une rue verte, particulièrement dans les secteurs ciblés par des normes de conception supérieures, comme les centres d’activité et le secteur central, où :
- les emprises protégées sont intentionnellement étroites;
- la largeur des emprises est restreinte par les constructions existantes;
- les éléments de la chaussée se disputent l’espace.
Toutes les rues devraient avoir les qualités d’une rue verte; une conception exemplaire est donc de mise pour celles qui, dans les plans, sont précisément cernées ou désignées pour remplir certains rôles propres aux rues vertes.
- Dans les plans de conception communautaire et les plans secondaires, prévoir d’aménager en priorité comme rues vertes les routes offrant les meilleures possibilités de relier les principaux éléments du réseau d’espaces verts de la ville.
- Étendre la forêt urbaine, planter davantage d’arbres, accroître les commodités destinées aux piétons et favoriser la réalimentation des eaux souterraines dans les rues vertes désignées. Pour ce faire, élargir les terre-pleins latéraux, prioriser la création d’espaces paysagés dans la coordination des installations hors terre et souterraines de services publics, gérer les eaux de surface de manière à favoriser l’infiltration naturelle (v. ci-dessus) ou décentrer la position de la chaussée dans l’emprise.
- Favoriser la plantation d’arbustes, de plantes couvre-sol et d’autres végétaux en complément des arbres afin d’intensifier l’aspect naturel attrayant de la rue, d’y rehausser la qualité de l’environnement et de renforcer sa fonction comme espace libre de choix de la ville.
- Concevoir les rues vertes en ayant recours à des innovations en matière d’infrastructure durable (telles que celles énumérées à la sous-section 4.2) et faire de ces rues un projet de démonstration lorsque cela convient.
- Coordonner l’amélioration de l’aménagement paysager des terrains jouxtant le couloir des rues vertes désignées avec les éléments d’aménagement paysager du couloir afin de renforcer l’aspect vert du couloir en question.
- Accorder la priorité aux piétons, aux cyclistes et aux fonctions associées au bord de la rue en limitant le plus possible la largeur des voies destinées à la circulation automobile ainsi que le stationnement sur rue, et en regroupant les services publics dans des tranchées communes.
- Encourager l’utilisation des rues vertes comme couloir important de transport en commun, ajoutant ainsi à la liste déjà longue de leurs bienfaits pour l’environnement. Intégrer à la route des mesures assurant la circulation prioritaire des véhicules du transport en commun et rehausser la qualité des arrêts d’autobus au moyen d’abribus et de riches aménagements paysagers.
- Lorsque des liens menant à un sentier polyvalent sont prévus dans le couloir routier afin de relier des segments clés du réseau de sentiers, concevoir le sentier pour en assurer la continuité et la sécurité. Aménager le sentier là où il rencontrera le moins de voies d’accès à des propriétés privées et du côté de la rue qui entraînera le moins de traversées, et prévoir un dégagement latéral suffisant.
- Lorsqu’une rue verte forme un lien stratégique du réseau de pistes cyclables de la ville, accroître la priorité accordée au cyclisme dans le couloir routier. Envisager pour ce faire diverses mesures et installations, comme l’aménagement de voies à utilisation partagée signalisées, de bandes cyclables ou de sentiers hors route, ou la circulation prioritaire des cyclistes aux feux de circulation.
Chaque rue verte nécessitera une conception adaptée. Les possibilités varieront en fonction des caractéristiques des espaces verts adjacents, de la désignation de la route comme couloir de sentier ou de cyclisme, des exigences de stationnement sur rue et des options de drainage. Une emprise de 26 à 30 m est requise (v. le tableau 8-1).
8.2 Incidence sur l'emprise
Promenade Lakepointe, Ottawa
Pour qu’une route remplisse les fonctions d’une « rue verte », sa conception pourrait devoir allouer davantage d’espace aux bords de route ou aux terre-pleins. Il existe diverses façons d’augmenter l’espace consacré aux éléments caractéristiques des rues vertes :
- élargissement du bord de route ou des terre-pleins;
- rétrécissement de la chaussée par l’imposition d’un régime routier prévoyant, par exemple, l’élimination des places de stationnement sur rue;
- augmentation des retraits de cour avant et coordination de la conception des éléments caractéristiques des rues vertes situés sur les propriétés privées adjacentes;
- décentrage de la position de la chaussée dans l’emprise afin que le bord de route le plus large puisse accueillir les éléments caractéristiques des rues vertes.
Les rues vertes devraient être indiquées dans des plans, et leur emprise protégée devrait être élargie pour qu’elles puissent accueillir les éléments supplémentaires associés à cette désignation. Dans le secteur urbain et les villages, un « supplément » de 2 à 3,5 m pour chacun des bords de route suffit habituellement, si l’on se fonde sur les composantes « normales » de la chaussée illustrées à l’annexe A, lesquelles occupent généralement de 11 à 13,5 m de la largeur de l’emprise. Le tableau 8-1 résume la largeur des bords de route et des emprises qui en résulte.
De nombreuses conceptions sont possibles pour les rues vertes, et chacune d’elles sera unique. Certaines pourraient même nécessiter une largeur d’emprise supérieure à 9,5 m, notamment lorsque des solutions novatrices de drainage sont souhaitables (comme les rigoles de drainage écologiques), qu’un sentier polyvalent de 3 m de largeur est prévu ou que les propriétés adjacentes offrent peu de possibilités d’aménagement de caractéristiques de rues vertes. Dans certains cas, un large terre-plein central (d’au moins 5 m) de verdure pourrait s’avérer souhaitable, alors que dans d’autres, la transformation en rue verte pourrait ne viser qu’un seul bord de route, qu’il faut élargir. Toutefois, en règle générale, une conception appropriée de rue verte pour les routes collectrices du secteur urbain et des villages devrait nécessiter une largeur d’emprise de 30 m tout au plus.
Tableau 8-1 : Ajouts à la largeur des emprises pour la création de rues vertes
Route normale | Rue verte | |||
---|---|---|---|---|
Largeur de l’emprise | Largeur habituelle de chacun des bords de route | Supplément au bord de route (de chaque côté) | Largeur de chacun des bords de route après l’ajout | Largeur de l’emprise après l’ajout |
20 m | De 4 à 4,5 m | +3 à 3,5 m | De 7 à 7,5 m | 26 m |
24 m | De 5,25 à 6,5 m | +3 m | De 8,25 à 9,5 m | 30 m |
26 m | De 6,5 à 7,5 m | +2 m | De 8,5 à 9,5 m | 30 m |